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Yerres 2 - Les caillebotis de Caillebotte

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Souvenez-vous, dans le billet précédent je vous ai raconté le début de notre balade du dimanche 20 juillet, comment nous sommes partis de chez nous le matin pour aller visiter l'exposition Caillebotte à Yerres avant sa fermeture le soir même.

Nous en étions restés au moment où, après avoir traversé la passerelle de la propriété Caillebotte, nous arrivons en bordure de l'Yerres, la rivière qui traverse la charmante petite ville de Yerres.



Alors, la voici cette belle rivière qui a inspiré les peintres...



L'Yerres
dimanche 20 juillet 2014
entre 11h et midi


... et les poètes :



À la rivière d'Hière
Pour lire les poèmes : cliquer sur l'image et ensuite clic droit pour "Afficher l'image"



Le poème ci-dessus "À la rivière d'Hière" est de Jean-François Ducis, poète versaillais du XVIIIe siècle, également auteur des vers suivants :


Bords de l'Hière, aimés de Flore,
Vous m'attirez ; je viens vers vous.
Les vents ont quitté leur courroux ;
Les bourgeons sont tout près d'éclore ;
Le ciel sourit, l'air est plus doux ;
Le tendre rossignol, pour nous,
Va donc bientôt chanter encore.




Faire des ronds dans l'eau...


Un peu plus loin, les canards font des ronds dans l'eau.




La danse des canards


Encore quelques pas, et ce sont les canetons qui font une ronde, orchestrée par un gentil bambin, sous l’œil vigilant de maman cane.




Trop tard !..


Papa et tonton canards sont là aussi, mais ils arrivent trop tard à la soupe.



Les canetons ramassant les dernières miettes.


La distribution est terminée et les canetons ont ramassé les dernières miettes.

Il n'y a plus qu'à s'en retourner




Au revoir, les canards !



Comme il est presque midi, nous aussi nous faisons demi-tour pour retourner à la sandwicherie de l'Orangerie.



Le bras de l'Yerres disparaissant sous les fleurs


Encore un petit coup d’œil au foisonnement floral de la fausse rivière...



La passerelle de la propriété Caillebotte


..et nous repassons le petit pont de bois fer, d'où l'on aperçoit les parasols protégeant les tables installées devant l'Orangerie.



L'Orangerie, faisant office de cafétéria durant l'exposition Caillebotte


Cette fois-ci, pas de souci pour avoir des denrées chaudes.

Contents de nous asseoir enfin, nous nous attablons avec appétit devant nos plateaux.



Le Chalet Suisse(abritant le restaurant Le Chalet du Parc)



Une demi-heure plus tard, tout en digérant confortablement assise à l'ombre sur l'un des fauteuils de jardin disposés le long de l'immense tapis vert qui s'étend depuis le Casin jusqu'à l'Orangerie, je profite du soleil qui semble vouloir s'installer pour refaire quelques photos, un peu plus lumineuses que celles prises le matin.



Le Casin



Après quoi, je vais faire un tour à la Ferme Ornée, là où se tient le dernier jour de l'exposition Caillebotte à Yerres. Puis je reviens informer mon cher et tendre que la file d'attente n'a nullement diminué et qu'il y a, toujours et encore, une heure et demi d'attente !


Puisque c'est ainsi, nous reviendrons mardi. Non... pas mardi (ni même lundi) l'expo serait terminée !

Alors, on va aller faire un tour et puis on reviendra pour seize heures
deux heures avant la fermeture, il y aura sûrement moins de monde.
Et même s'il y a encore une file d'attente, vu que l'expo ferme à dix-huit heures, ça nous laissera le temps de faire la queue. Une heure pour voir quarante-deux tableaux, c'est nettement suffisant.



L'Exèdre


En quittant la propriété Caillebotte, nous passons devant l'Exèdre, derrière lequel on voit le velum tendu au-dessus de la cour de la Ferme ornée pour protéger du soleil la file d'attente des visiteurs.




L'arrière de la Ferme ornée, vu depuis le pont sur l'Yerres



Passé le pont, nous descendons l'escalier qui mène au sentier de promenade le long de la rivière.




La rive droite de l'Yerres, en amont du pont du 18 Juin



Dans le ciel des nuages passent, cachant un instant le soleil qui filtre entre les branches des arbres, puis s'en vont. Et reviennent...



En regardant vers l'amont
au même endroit, vers l'aval

















...créant ainsi des effets de lumière sur la rivière.



Rives de l'Yerres
Gustave Caillebotte - 1875
collection privée



Un peu plus loin, on aperçoit une passerelle. Sans doute va-t-elle nous permettre de passer sur la rive opposée.





Passerelle sur l'Yerres



Le chemin que nous suivons est à présent tout proche de la rue qui lui est parallèle et il se sépare en deux pour, d'une part rejoindre la rue au niveau d'une petite place, et d'autre part continuer tout droit pour mener à la passerelle.

C'est à cet embranchement qu'un panneau est disposé, panneau qui attire automatiquement ma curiosité.



Une belle découverte !



Il s'agit d'une maison bourgeoise du XIXe siècle, dont Monet a peint un tableau, intitulé tout simplement "La Maison d'Yerres".

De nos jours, après avoir connu quelques aléas, cette maison a été reconstruite à l'identique (ou presque...) sous le nom de Résidence de La Gerbe d'or.




"La Maison d'Yerres", aujourd'hui



En 1876, invité par son mécène et ami, le collectionneur Ernest Hoschedé, qui lui a demandé de venir à Montgeron pour peindre des tableaux (dont il a été question dans ce billet) destinés à décorer le château de Rottembourg dont il est alors propriétaire, Claude Monet est logé par son ami dans une petite maison de pêcheur sise rue de la Léthumière à Yerres, commune voisine de Montgeron.



L'Yerres près de Montgeron
Claude Monet - 1876
Collection privée (notice de Sotheby's)




C'est sans doute à la demande d'Alice Raingo, alors épouse d'Ernest Hoschedé, que Monet a peint la maison qui a appartenu aux parents de sa future femme. Probablement déjà plus ou moins amoureux d'elle, Monet fit de cette maison un magnifique tableau, dont le destin a été aussi bousculé que celui de la maison qu'il représente.



La maison d'Yerres
Claude Monet - 1876
Collection privée, Argentine


La maison construite en 1827 par Gabriel Sallin, agriculteur yerrois, fut un temps la propriété de la famille d'Alice Raingo-Hoschedé.



Yerres, une villa
(crédit photo)



La villa a ensuite appartenu à un certain Debatisse, ingénieur mécanicien. Après quoi elle a servi d'annexe au préventorium du docteur Calmette.





Lire ici la suite des aventures de cette demeure.


Quant au tableau qu'en a peint Monet, lui aussi a connu un destin mouvementé. Volé à son propriétaire argentin en 1999, il n'a été retrouvé qu'en 2011.



La passerelle de la Gerbe d'or



En face de la maison peinte par Monet, la passerelle de la Gerbe d'or enjambe l'Yerres.




Grille de l'Île Panchout



Une fois passée la passerelle de la Gerbe d'Or, on est sur le territoire de l'ancienne propriété Panchout. C'est un petit paradis de verdure qui rappelle à la fois le bocage normand et le marais poitevin.




Un coin de Normandie à Yerres



Nous longeons ici une double clôture, bois et fil électrique. Y aurait-il des animaux dangereux dans les parages ?




Les tondeuses à gazon de l'île Panchout



Le panneau ci-dessus n'est pas très récent. Depuis son installation il y a eu du nouveau !




La passerelle de l'île Panchout



C'est en franchissant une seconde passerelle (celle qui enjambe le bras de la rivière qui contourne l'île par l'ouest) que nous abordons l'île Panchout proprement dite.




Le plan ci-dessus permet de visualiser le parcours de notre promenade
(cliquer dedans pour l'agrandir)




Notre promenade entre les rives de l'Yerres, entreprise pour passer le temps en attendant le moment de retourner à la propriété Caillebotte, voir enfin l'expo des tableaux de cette rivière peints par Gustave Caillebotte, se poursuit.

Peu après l'enclos des vaches écossaises, nous avons croisé un jeune homme porteur d'une canne équipée pour la pêche au leurre, mais pas de panier. Étonné, mon cher et tendre (qui a pratiqué la pêche en eau douce dès son plus jeune âge) l'accoste pour en savoir plus. Nous apprenons ainsi que ce garçon est un adepte du no-kill. Il relâche le poisson après l'avoir photographié.



Pêcheurs au bord de l'Yerres
Gustave Caillebotte - 1876
collection privée


Nous avons eu énormément de plaisir à parler avec ce jeune pêcheur vraiment très sympathique. Mon époux était ravi d'avoir quelqu'un avec qui évoquer ses souvenirs de pêche en Polynésie et en Provence. Et le jeune homme, qui a de la famille à la Guadeloupe, nous a raconté maintes anecdotes sur ses parties de pêche en France et aux Antilles. Quant à moi, j'ai passé une bonne demi-heure à les écouter avec intérêt (bien que je connaisse par cœur toutes les histoires de mon mari !) et à poser des questions aussi.



L'Yerres, côté Est de l'île Panchout



Le soleil brille, il fait bon à l'ombre des arbres qui bordent le chemin. Un peu plus loin, une grande prairie s'ouvre sur la droite et on aperçoit l'autre bras de l'Yerres, formant à cet endroit un vaste plan d'eau.



Conférence de canards sur l'Yerres




Bien que je sois chaussée de sandales, je n'hésite pas à traverser la prairie (où poussent des orties !) marchant à grandes enjambées dans l'herbe mouillée pour aller voir de plus près le grand rassemblement de canards qui semblent tenir conseil à cet endroit, où l'eau est beaucoup plus verte que sur l'autre bras de l'Yerres.

Cet endroit me fait penser à un tableau de Caillebotte...



Canotier au chapeau haut-de-forme
Gustave Caillebotte - 1878
collection privée



Le plan d'eau des canards ressemble assez à la configuration de la rivière telle que Caillebotte l'a représentée en arrière-plan de son Canotier en haut-de-forme.





Vingt canards sur ce zoom, mais il y en avait au moins le double



Il est 14h30. Cela fait une bonne heure que nous somme partis de la propriété Caillebotte. Et il nous reste encore une heure avant de faire demi-tour pour y retourner, afin d'y être pour seize heures comme prévu. Dans mon calcul, je déduis la demi-heure passée à converser avec le charmant pêcheur no-kill.

Alors, on continue encore un peu, on ne doit plus être très loin du bout de l'île...




Petit ponton


Manifestement, ce petit ponton est là pour permettre aux riverains qui possèdent une embarcation de débarquer dans l'île Panchout.

Dans le parc de la propriété Caillebotte, il y est également possible de louer une barque ou un canoë pour se promener sur l'Yerres




Miroir d'eau



De ce côté-ci de l'île, l'eau est aussi immobile qu'à la conférence des canards.  Tout est calme, rien ne bouge, hormis des agrions mâles qui vont et viennent silencieusement sur les plantes de la rive.

Ces agrions (qui font partie des demoiselles) vont d'un rameau à l'autre, en faisant d'assez longues poses entre chaque déplacement. J'en profite pour tenter quelques photos, au risque de tomber dans l'eau !



Calopteryx vierge, également appelé Agrion




Le silence est palpable. Je reviens sur le chemin, dont je m'étais écartée pour aller photographier le ponton et les agrions. Mon époux qui m'attendait là me dit « il est temps de rebrousser chemin, regarde ces nuages qui arrivent, c'est un orage qui s'annonce».

Après l'orage qui nous a réveillés très tôt ce dimanche matin, depuis que nous avons quittés notre domicile des Yvelines vers 9 heures les nuages n'ont quasiment pas arrêtés de passer au-dessus de nos têtes, en alternance avec des moments de grand soleil. Un orage me semble cependant peu probable...



Étude de ciel, état nuageux n°1
Gustave Caillebotte - 1872
collection privée



Ici, à Yerres, nous sommes en Essonne, à la limite de la Seine-et-Marne et du Val de Marne tout proches. À mon avis, le violent orage qui a éclaté ce matin sur les Yvelines a eu le temps de suivre sa route vers l'Est. À l'heure qu'il est (14h30) il doit être loin d'ici.

Ayant pris la précaution d'emmener nos parapluies au cas où, je n'ai pas envie que nous rebroussions chemin tout de suite. J'aimerais aller jusqu'à la passerelle que j'aperçois au bout de l'île, dont nous ne sommes plus très éloignés. Mais mon cher et tendre n'est pas du tout d'accord et il persiste dans ses prévisions alarmistes.

Comme pour lui donner raison, un coup de tonnerre retentit au loin !
Inutile de discuter. Dans ce cas, il faut vraiment faire demi-tour et se dépêcher de trouver un abri, sans envisager de photographier les effets de pluie sur la rivière.




L'Yerres, effet de pluie
Gustave Caillebotte - 1875
Indiana University Art Museum, Bloomington, USA (notice du musée)



Bien que les arbres de la rive soient susceptibles de nous protéger de la pluie, qui semble imminente, nous hâtons le pas. Dans l'île Panchout, il n'y a aucun bâtiment susceptible de nous abriter. Et il n'y en a pas non plus, sur le chemin que nous avons suivi à l'aller.

Les cafés du centre ville étant trop éloignés, le seul refuge possible, en dehors du Casin de la propriété Caillebotte (sûrement bondé le temps que nous y parvenions) reste notre voiture garée sur le parking se trouvant à proximité de la propriété (voir le plan un peu plus haut dans cette page).

Le vent qui commence à souffler et l'orage qui menace sérieusement nous font marcher de plus en plus vite. Oubliées les douleurs articulaires ! sous l'effet de l'adrénaline, nous parcourons en deux fois moins de temps le chemin que nous avons fait à l'aller.



Le parcours du retour en mode accéléré



Nous avons marché tellement vite que c'est seulement au moment où nous nous engouffrons dans notre voiture, que les premières grosses gouttes se mettent à tomber dru.

Et puis très vite, c'est la tempête !



Énormes impacts de gouttes sur le pare-brise



Notre véhicule étant garé trop près des arbres ombrageant le parking situé le long de l'Yerres, nous changeons de place pour aller stationner un peu plus loin.

C'est à ce moment là que les grêlons ont commencé à tambouriner sur le toit de la voiture.



Les grêlons ruisselant sur la vitre (à moitié fondus)



On a beau être à l'abri dans la voiture, on se sent tout de même inquiets en se trouvant pris dans un tel déchainement des éléments : pluie torrentielle, grêle, rafales de vent, tonnerre et éclairs.

En même temps, je me dis que l'orage va certainement disperser la file d'attente pour l'exposition Caillebotte à Yerres (dont c'est le dernier jour) et que lorsqu'il sera fini, nous allons pouvoir enfin prendre nos billets sans être obligés de faire la queue pendant une heure, ou davantage.



Pluie torrentielle et grêlons, on y voit goutte !


D'après les heures de mes clichés l'orage torrentiel a commencé vers 15 heures et il a duré une bonne vingtaine de minutes. Dès que la pluie est suffisamment calmée, nous nous apprêtons à sortir de la voiture pour prendre le chemin de la propriété Caillebotte.

Petit problème en ouvrant la portière, je m'aperçois qu'il y a une piscine à la place du parking ! ce qui nous oblige encore une fois à déplacer la voiture. Et comme nous n'avons pas trouvé de place au sec sur le parking complètement inondé, nous roulons jusqu'à la propriété Caillebotte, au niveau de laquelle il est impossible de stationner. Heureusement, nous finissons par trouver une place libre un peu plus loin dans la rue de Concy.

Vu qu'il y a pas mal de monde, circulant dans les deux sens, autour de l'entrée de la propriété Caillebotte, nous ne savons pas trop à quoi nous attendre. Nous espérons néanmoins pouvoir accéder à l'exposition sans trop de problème. Hélas ! en arrivant dans la cour de la Ferme ornée, nous voyons tout de suite qu'il y a un problème...



Hall d'entrée de l'exposition
le 20 juillet 2014 à 15h45
(photo prise de l'extérieur, à travers la vitre du hall)



Il y a là beaucoup moins de monde qu'auparavant, mais néanmoins pas mal de gens dans cette cour vont et viennent, l'air totalement désemparé. Renseignements pris, il s'avère que l'orage a provoqué l'inondation de la Ferme ornée où se tient l'exposition.

Les optimistes pensent que l'exposition est suspendue et qu'elle va reprendre un peu plus tard, quand tout sera remis en ordre. Je ma faufile jusqu'à l'entrée, devant laquelle l'un des responsables de l'expo est en train d'expliquer au public qu'en raison de l'inondation des locaux, par mesure de sécurité l'exposition Caillebotte à Yerres est terminée.


Vous imaginez sans peine notre déception !



Les caillebotis de Caillebotte



Fermement mais fort aimablement, tous les visiteurs sont invités à quitter les abords de la Ferme ornée, notamment en raison de l'intervention des pompiers.

Il ne nous reste plus qu'à suivre les directives et à emprunter la sortie la plus proche : celle de la porte cochère par laquelle le véhicule des pompiers a pénétré dans la cour pour se venir se garer à côté du hall d'entrée de la Ferme ornée.



Le véhicule des pompiers dans la cour de la Ferme ornée


Alors qu'elle devait normalement se terminer à dix-huit heures, l'exposition Caillebotte à Yerres a dû fermer prématurément ses portes dès quinze heures trente, quand les locaux se sont retrouvés inondés, comme on peut le constater sur la photo ci-dessous montrant une des portes de la Ferme ornée qui a été vraisemblablement été ouverte pour permettre au public de quitter la salle inondée.

La photo en question a été prise par un internaute alors que nous n'étions pas encore de retour à la propriété Caillebotte. Sans doute pendant que nous étions en train de chercher une place de stationnement.

Il est à noter qu'à la suite de cette orage, l'Yerres n'a absolument pas débordé.



L'inondation de la Ferme ornée
photo prise par un internaute qui l'a publiée sur Twitter


Une fois rentrés chez nous, dans les jours suivants j'ai vainement cherché un écho de la fermeture prématurée de l'exposition dans la presse locale. Mise à part la photo ci-dessus, je n'ai strictement rien trouvé à ce sujet.

Par contre il y a eu un article du Parisien mentionnant 70 cm d'eau aux urgences de l'hôpital d'Yerres.




Les tableaux de l'exposition que nous n'avons pas pu voir



Les deux vidéos ci-dessous résument en partie notre visite du 20 juillet 2014 à Yerres, une visite mémorable, n'en doutez pas !




La propriété Caillebotte




L'exposition Caillebotte à Yerres







©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

La mémoire de l'eau

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Le secret (détail)
William Bouguereau - 1876
Collection of the New York Historical Society  (notice et tableau entier)



Ces jours-ci, alors que j'étais devant l'évier de la cuisine occupée à touiller de l'eau dans une casserole avec la brosse à vaisselle (afin de décoller de la paroi les particules du lait qui venait d'y chauffer pour le chocolat du goûter) voila que le verbe « gôyer» m'est venu subitement à l'esprit.



Un bebé en un barril de agua (un bébé jouant avec l'eau d'un tonneau)
Benito Rebolledo (1880-1964)
Collection privée



Parmi les habitués du grenier quelques un(e)s savent que mes parents venaient de la Lorraine (côté maternel) et d'Alsace (côté arrière-grand-paternel). Ce que personne ne sait encore, car jusqu'ici je n'ai pas eu l'occasion d'en parler, c'est que mon père était natif de Saint-Dizier et qu'il y a vécu jusqu'à sa majorité. Les habitants de Saint-Dizier s'appellent les bragards.



Enfants à la vasque
Berthe Morisot - 1886
Musée Marmottan, Paris



Gôyer est un mot que j'ai entendu plus d'une fois dans la bouche de mon père, lorsqu'il s'adressait à moi quand j'étais enfant, ou plus tard en parlant de ses petits-enfants. En patois bragard, gôyer signifie : tripoter l'eau, l'agiter par jeu en provoquant des éclaboussures.



A child playing at a water pump
Otto Bache - 1876
Collection privée (notice de Christie's)


Après gôyer d'autres mots de patois (tant champenois que lorrain) entendus durant mon enfance dans la bouche de mes parents, me sont revenus en mémoire. Et je me suis empressée de les noter !


*****

Si vous aussi, quelle que soit votre province d'origine, vous connaissez des motsspécifiques d'un parler régional, faites m'en part dans les échos, je serai ravie de vous lire et d'échanger avec vous sur ce sujet.




©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

Les coquelicots de Monet

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En attendant d'avoir terminé le billet en cours d'élaboration sur la suite de notre visite de la maisonet des jardins de Claude Monet à Giverny, je vous livre ci-dessous deux douzaines de tableaux de Monet représentant des champs de coquelicots (ou des prairies en contenant quelques uns) parsemés de quelques photos de pavots que j'ai faites dans le Clos Normand.


Un billet que je dédie à tous ceux et celles qui aiment les coquelicots...




Coquelicots
Claude Monet - 1873
Musée d'Orsay (lire la notice)



...et plus spécialement à Claude, qui aime le tableau ci-dessuset l’œuvre de Monet en général.


Ariane, guide à Giverny, a donné une interprétation fort bien documentée de ce tableau dans son billet intitulé Coquelicots.



La promenade dans les prairies d'Argenteuil
Claude Monet - 1873
Rhode Island School of Design, Providence, USA




La promenade près d'Argenteuil
Claude Monet - 1873
Musée Marmottan-Monet, Paris




Peupliers près d'Argenteuil
Claude Monet - vers 1875
Museum of Fine Arts, Boston, USA (notice)








Champ de coquelicots
Claude Monet - 1875
collection privée




Champs de coquelicots près d'Argenteuil
Claude Monet - 1875
Metropolitan Museum of Art, New-York (lire la notice)




Champ de coquelicots près de Vétheuil
Claude Monet - 1879
Collection E.G. Bührle, Zurich (lire la notice)




Pour lire le passionnant commentaire d'Ariane, à propos du tableau ci-dessus cliquez ici.




Vétheuil
Claude Monet - vers 1880
Kelvingrove Art Gallery and Museum, Glasgow, UK (lire la notice)









Chemin dans les coquelicots dans l'île St Martin, Vétheuil
Claude Monet - 1880
collection privée



Monet avait surnommé l'île St Martin, l'île aux fleurs.




Sentier à travers les coquelicots, île St Martin, Vétheuil
Claude Monet - 1880
Metropolitan Museum of Art, New-York (lire la notice)




Vétheuil, vu depuis l'île St Martin
Claude Monet - 1880
collection privée




Champ de coquelicots
Claude Monet - 1881
Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam (lire la notice)










Chemin dans l'île St Martin, Vétheuil
Claude Monet - 1881
 Philadelphia Museum of Art (lire la notice)




Paysage dans l'île St Martin
Claude Monet - 1881
collection privée




Champ de coquelicots, environs de Giverny
Claude Monet - 1885
Musée des Beaux-Arts de Rouen (lire la notice)





Champ de coquelicots dans un creux près de Giverny
Claude Monet - 1885
Museum of Fine Arts, Boston, USA (lire la notice)




Champ de coquelicots, Giverny
Claude Monet - 1885
Virginia Museum of Fine Arts, Richmond , USA (notice)





Meule de foin à Giverny
Claude Monet - 1886
Musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg (notice)









Champ à Giverny
Claude Monet - 1887
collection privée




Champ d'avoine aux coquelicots (vers midi)
Claude Monet - 1890
Musée d'Art moderne et contemporain, Strasbourg (lire la notice)



Comme vous avez pu le remarquer tout au long de ce billet, Claude Monet était un spécialiste des tableaux en série. L'explication de ces multiples versions, parfois jusqu'à trente pour la Cathédrale de Rouen, réside dans le fait que Monet était fasciné par les effets de lumière sur le paysage, en fonction du moment de la journée ou de l'état du ciel.

Le peu d'ombre sous les arbres dans le Champ d'avoine aux coquelicots du musée de Strasbourg, ainsi que son champ inondé de lumière, suggèrent une position du soleil près du zénith. Tandis que dans la version ci-dessous, les ombres allongées semblent celles d'une après-midi bien entamée.




Champ d'avoine aux coquelicots (après-midi)
Claude Monet - 1890
collection privée, USA




Champ de coquelicots
Claude Monet - 1890
Musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg (notice)




Champ de coquelicots
Claude Monet - 1890
Smith College Museum of Art, Northampton, Massachusetts, USA (lire la notice)




Champ de coquelicots près de Giverny
Claude Monet - 1890
Museum of Fine Arts, Boston, USA (notice)




Champ de coquelicots, Giverny
Claude Monet - 1890
Art Institute of Chicago (lire la notice)



Dans ce billet, Ariane, analyse et commente le Champ aux coquelicots de l'Art Institute of Chicago (ci-dessus) elle explique notamment que pour Monet le principe des séries a débuté lors de l'année 1890à Giverny.










En attendant le prochain billet, si vous venez seulement de rentrer de vacances, ou que vous n'ayez pas lus les précédents, ne manquez pas les deux derniers, Yerres 1 suivi de Yerres 2, consacrés à notre aventure dans, et autour, de la propriété Caillebotte !...




À bientôt !



Edit du jeudi 21 août

C'est seulement maintenant que je viens de m'apercevoir qu'il manquait un lien concernant le billet d'Ariane dans l'avant-dernier paragraphe de ce billet. Je viens de le rajouter.

Et j'en ai profité pour ajouter également une ligne au début du billet pour faire un lien vers le commentaire d'Ariane (qui est si agréable et intéressante à lire) au sujet du tableau Coquelicots se trouvant au musée d'Orsay.



©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

Giverny 2 - Les Jardins de Monet

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Les Nymphéas
Claude Monet - 1904
Musée d'art moderne André Malraux, Le Havre (lire la notice)




Après Giverny 1 - La maison de Monet, voici la suite de notre visite à Giverny, le 25 juin dernier. Il va être question des jardins, et non pas du jardin au singulier, vu que le terrain du jardin de Monet est coupé en deux par la route et que les deux parties sont sensiblement différentes l'une de l'autre, comme on peut le voir sur la photo aérienne ci-dessous.



Plan des jardins




La maison de Monet tourne le dos à la rue et sa façade est entièrement ouverte sur lejardin. Ce jardin a été baptisé Le Clos Normand. C'est un jardin d'ornement qui ne ressemble guère à ceux qui entourent les demeures bourgeoises. Chez Monet, mis à part quelques petites pelouses sous les arbres, pas de gazon soigneusement tondu à ras.

L'impression de liberté totale domine. Les fleurs débordent sur les allées, elles l'emportent sur les arbres et on ne voit qu'elles. Pour moi, ce jardin de fleurs foisonnantes ressemble à un jardin sauvage.




L'allée centrale, vue depuis la maison
Remarquer la petite tache brune près du brin de capucines rampant sur le gravier...



...serait-ce Boubou ?



Quand j'ai pris cette photo, ce monsieur pinson semblait fixer mon appareil. Ce n'était pourtant pas une nouveauté pour lui, presque tous les visiteurs du jardin en tiennent un en mains !
 
Alors j'ai pensé qu'il était là pour me souhaiter la bienvenue, qu'il était peut-être la matérialisation du souvenir de Claude Monet survolant la grande allée de son jardin...




crédit photo : Monet's Years at Giverny : Beyond Impressionism





Foisonnement


En cette fin juin, la profusion florale du jardin donne l'impression au visiteur de se trouver au sein d'une merveilleuse prairie sauvage, dans laquelle les différentes sortes de fleurs se disputent la priorité à se faire admirer.



Merveilleuse prairie




Rosier grimpant et rosier piéton



Le rosier grimpant ci-dessus fait partie des rosiers sur "parapluie", dont Ariane, guide à Giverny et blogueuse chevronnée,parle ici.




Fleurs d'ail d'ornement



Si vous êtes un(e) fidèle du grenier, vous aurez sans doute reconnu ces fleurs d'ail qui figurent sur la devinette du mois de juin dernier.

L'ail d'ornement, Allium aflatunense, a été découvert dans des Montagnes Célestes (Tiān Shān) sur les rives de l'Aflatun au Kirghizistan.




Flamboyance



Cette plante, dont les fleurs ressemblent à des lys vermillon, est un CrocosmiaLucifer, également dénommé Montbretia.

Dans son billet consacré aux flamboyances estivales de Giverny, Ariane compare la tige florale du Crocosmia à la main d'un prestidigitateur faisant jaillir du néant des foulards écarlates. J'adore cette image.




Le "Ru"



Désolée, je n'ai pas fait de photos entre le Clos normand, que nous venons de quitter, et le Jardin d'eau, où nous venons d'arriver après avoir traversé, grâce à ce passage souterrain, la route séparant les deux jardins.

Nous voici à présent sur la passerelle qui enjambe le Ru de Monet.





La passerelle enjambant le Ruà l'entrée du jardin d'eau



Les fleurs que vous voyez sur la photo de la passerelle sont des Hémérocalles. Elles s'épanouissent en grands nombres le long du Ru.




Les Hémérocalles et la passerelle à l'entrée du jardin d'eau



Ces hémérocalles sont les mêmes "hemerocallis orange" que celles dont Monet à fait le portrait en 1915.





Les Hémérocalles
Claude Monet - 1915
Musée Marmottan-Monet, Paris



Ariane parle de ce tableau et elle en fait l'analyse ici.




Le Ru bordé d'hémérocalles et le bosquet de bambous



Les fleurs au premier plan de ma photo sont sans doute des hémérocalles jaunes pas encore ouvertes...





Une partie de la bambouseraie



Comme Arianel'explique ici, Monet, grand amateur de jardin japonais, a souhaité planter des bambous dans son jardin d'eau.

Cependant, en jardinier avisé, il avait pris la précaution de les isoler dans l'îlot formé par le bassin et le bras du Ru (voir le plan ci-dessous) afin qu'il n'envahissent pas tout l'espace.



cliquer sur le plan pour l'agrandir




Bambous penchés vers le Ru



Allée délimitée par des barrières de bambou le long du bosquet de bambous



Fascinée par la perspective de la barrière de bambou, je n'ai pas emprunté cette allée, je me suis contentée de la photographier et apercevant enfin le bassin aux nymphéas, j'ai pris le plus court chemin.




Reflets parmi les nénuphars




Zoom sur la maison entre les saules




Entre les saules, la maison vue depuis la rive sud du bassin



Savez-vous quelle est la plante qui dresse sa hampe garnie de fleurs bleues au milieu de la photo ?...


cliquer sur la photo pour l'agrandir
Après bien des recherches je suis tombée par hasard sur la pistes des delphiniums. Mais je n'étais pas au bout de mes peines, car il en existe de très nombreuses variétés.

J'ai enfin réussi à déterminer la bonne ! C'est le Delphinium elatum, celui que les anglophones nomment très poétiquement Magic Fountains Sky Blue with White Bee.







Petites fleurs, grandes feuilles... qu'est-ce que ça peut bien être ?...



Contrairement aux fleurs bleues précédentes, moi qui ne connais pas grand chose en horticulture en dehors de la flore du jardin de mon enfance (vu que j'habite en appartement) j'ai réussi sans trop de difficulté à identifier ces petites fleurs couleur fuchsia grâce à mes recherches sur internet.

Il s'agit de la coquelourde des jardins. Les grandes feuilles qui les serrent de près sur ma photo n'ont strictement rien à voir avec elles. Ces feuilles (si grandes que certains québecois les surnomment "siège de tracteur") sont celles de la pétasite du Japon (petasite japonicus) une plante aussi envahissante que les bambous.




Le Ru (vu depuis le petit pont ?)



Dans mon souvenir, je ne suis pas certaine que ce soit le petit pont de bois dont parle Ariane, celui qui se trouve à l'extrémité Est du bassin (à l'opposé du pont japonais). Mais je ne vois pas d'autres possibilités, vu que la photo ci-dessus a été prise à 10:10 et les deux suivantes ci-dessous à 10:11 et 10:12, je n'ai donc pas pu parcourir beaucoup de chemin entre temps.




Le Ru, à l'Est du bassin (?)



Remarquer au centre de la photo ci-dessus l'abondance de ces "sièges de tracteur" qui n'ont pas que des détracteurs, exemple ici.




Le bassin, vu depuis son extrémité Est



Tout au fond de l'image, on distingue à peine le pont japonais ombragé par sa glycine. La faute au manque de lumière, la couverture nuageuse n'ayant pas bougé d'un pouce durant ma visite.



L'étang aux nénuphars dans toute sa longueur
vu depuis l'est, en direction du pont japonais, vers 1933
crédit photo :
Monet's Years at Giverny : Beyond Impressionism




Zoom sur les nénuphars



Ci-dessus, on aperçoit un coin du pont japonnais.


Maintenant, je vous laisse admirer les nénuphars



















L'érable du Japon se trouvant au bord du bassin



Il y a quelques années, des visiteurs japonais ont dit à Ariane que cet érable est un vénérable bonsaï d'une valeur inestimable.









Cet arbre, véritable trésor du jardin d'eau, est un Ozakazuki, en latin un acer palmatum.













Un poule d'eau et ses deux poussins



Avant de lire ce billet d'Ariane, je n'aurais jamais imaginé que les deux petites boules de duvet noir, reposant tranquillement près de leur mère sur les feuilles de nénuphars, sont en danger de mort. Dès qu'elles vont mettre une patte dans l'eau, elles risqueront d'être happées par la gueule dentée du monstre qui demeure dans cet étang...

Croisons les doigts pour qu'il ne leur soit rien arrivé !




Un pêcheur sur l'étang ?



Que fait-il donc, cet homme penché sur l'eau ?

Serait-il à l'affût du brochet carnassier dévoreur de poussins ?...





Que ramène-t-il dans son épuisette ?



Voyons voir. Ce pêcheur tient une épuisette, mais il n'a pas de bourriche pour mettre les poissons....

Ce qu'il pêche, ce n'est donc pas du poisson.

Cet homme tient ici le rôle de l'ancien laveur de nymphéas.



Les bambous, vus depuis la rive nord du bassin



Sa tâche accomplie, la barque s’octroie une petite sieste à l'ombre de la bambouseraie.




Zoom sur les jolies fleurs du bord de l'eau



Ces crinolines pour fées lilliputiennes sont les corolles des campanules carillon, alias Canterbury bells.




Le Ru, avec la vanne qui contrôle le niveau du bassin



Juste à la fin de la visite du jardin d'eau, au moment où ayant fait le tour du bassin nous arrivions à l'entrée du souterrain qui ramène vers le Clos normand, un minuscule rayon de soleil vite évanoui m'a fait me retourner pour revenir prendre cette dernière photo du Ruà l'endroit où le bras qui enserre les bambous rejoint celui qui sort du bassin.




Jardin de l'artiste à Giverny
Claude Monet - 1895
Collection E.G.Bührle, Zurich (lire la notice)



De retour dans le Clos Normand, j'ai fait quelques photos des pavots qui poussent dans l'allée longeant la clôture du jardin à côté de la route. J'ai montré mes photos de pavots rouges dans le billet précédentconsacré la peinture des champs de coquelicots par Monet.




Pavot rose avec un syrphe et un bourdon



Noter les ailes du syrphe, totalement floues. Soit l'insecte n'est pas encore posé, soit il est en train de butiner en vol stationnaire, une étonnante faculté des syrphes, analysée ici par des scientifiques. Ce syrphe est ici la tête en bas, dans une position acrobatique,  et il me semble que c'est son ventre qu'il nous montre..

Chez certains diptères, dont les syrphes font partie, les ailes postérieures sont atrophiées au point d'être devenues de simples petits balanciers dénommés "haltères" qui leur servent de gyroscope. Ce qui explique leur aptitude au vol acrobatique.

À côté du syrphe, en toute convivialité, c'est un cul blanc qui se délecte confortablement.




Autre pavot, autres syrphes ?...




Peut-être une autre sorte de syrphes, mais je n'en suis pas du tout sûre. Ma photo n'est pas assez nette et le temps m'a manqué pour faire des recherches.




Une petite allée du Clos normand



En arrière plan, ce sont les fenêtre de la chambre de Monet et la colline de Giverny que l'on aperçoit.




La grande allée



La grande allée dans toute sa longueur, prise depuis le portail donnant sur la route.





Zoom sur la grande allée




Une partie de la maison, vue depuis le chemin qui mène vers la sortie





Rosier échevelé et merveilleuse prairie



C'est sur ces dernières photos, montrant une autre partie du Clos normand où l'exubérance florale est toute aussi enchanteresse, que s'achève notre visite des jardins de Monet.



En quittant le Clos normand




Avant de terminer, il me reste à saluer les artistesgrâce auxquels cette féérie perdure en se renouvelant d'année en année.

Au premier chef, un grand coup de chapeau à Gilbert Vahé (parti en retraite en 2011) et à James Priest qui lui a succédé comme jardinier en chef de ces merveilleux jardins.


*******



Lorsque nous avons quitté le jardin, en fin de matinée pour aller déjeuner, le ciel semblait vouloir se découvrir et je pensais y revenir l'après-midi pour faire des photos plus lumineuses. Or, il n'en a rien été ! Je vous raconterai une prochaine fois ce que nous avons fait cet après-midi là.





©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

Nuages au couchant

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Le ciel de ce vendredi soir






















Quel temps cela présage-t-il ?...







©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

Photos de mariage

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Là, c'est le bouquet


Pour meubler un peu le grenier en attendant que j'ai le temps de terminer le prochain billet (toujours en cours de rédaction) je vous propose deux photos de couples en train de se faire photographier à l'occasion de l'un des "plus beaux jours de leur vie" (enfin... on l'espère pour eux!).



Quel drôle d'endroit !


Oui, quel drôle d'endroit pour faire une photo de mariage. Qui va deviner devant quel édifice parisien j'ai pris ce cliché à la dérobée ?

Je précise que c'était à l'occasion de la seconde Journée du Patrimoine. J'étais partie de chez moi avec l'intention de visiter l'un des édifices les plus connus de la capitales. Mais devant la file d'attente s'étirant tout le long de la rue, j'ai renoncé et j'ai fait le tour du paté de maison. C'est alors que j'ai découvert sur la façade ouest de cet ensemble de bâtiments, une entrée monumentale réservée à un certain public...

J'étais occupée à faire des photos de cette façade abondamment pourvue de sculptures et de bas-reliefs, quand une Rolls-Royce se garant le long du trottoir attira mon attention. Le couple que vous voyez ci-dessus en descendit, accompagné par leur chauffeur et un photographe.






L'amour en cage


Ici il s'agit d'un tout autre lieu, à mon avis mieux choisi par les nouveaux époux. Cet endroit présente cependant une petite analogie avec le précédent, Mais comme il se trouve à proximité d'un temple au nom tout-à-fait adapté aux circonstances, ceci compense cela.

Là, je ne vous dis pas dans quelle ville, sinon vous devineriez tout de suite où j'ai pris cette photo lors d'une visite en compagnie de mon cher et tendre et de nos deux petits-fils, le 29 août dernier (jour de pré-rentrée pour les enseignants, dont notre fille fait partie). Je peux juste dire que c'est en banlieue parisienne et que les touristes y affluent à longueur d'année !



Pour ménager un peu de suspense à mes devinettes, je vais cacher les commentaires durant quelques jours. Rassurez-vous, je donnerai la solution d'ici huit jours !  Merci pour votre patience et votre fidélité.




©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

Encore une devinette !

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Prises le même jour dans le courant de cette année 2014, à mon avis ces cinq photos ont un rapport entre elles.






Vous voyez certainement de quoi je veux parler...






Pourtant, si je vous disais la date à laquelle j'ai fait ces cinq photos, vous seriez sans doute très étonné(e)s...






Quand on vous dit qu'il n'y a plus de saisons !...






Alors, à votre avis, elles datent de quand ces photos ?



La rédaction de mon billet en cours s'avérant plus longue que prévu, je continue à meubler le grenier ;-)



EDIT du dimanche 19 octobre 2014

Tout d'abord, je tiens à remercier Miss Yves pour avoir été la première à voir la même chose que moi dans le décor des vitrines ci-dessus. Je veux parler du thème d'Halloween, auquel j'ai associé la minuscule araignée qui avait choisi de faire sa toile entre deux barreaux du garde-corps de mon balcon.

Les balais, les bougies, les arbres dénués de feuilles tout m'a fait penser au 31 Octobre. Même la poubelle renversée m'a semblé évoquer le chaudron des sorcières.. à moins qu'elle ne serve à entasser les feuilles mortes.

Françoise, elle aussi, a vu dans ces photos de vitrines estivales des images automnales.

Vitrines estivales, oui. Mes photos ont été prises le dernier jour des soldes, soit le mardi 29 juillet 2014, bravo Miss Yves ! 


Y'a plus de saisons ma pov' dame !


On va en reparler dans le prochain billet, qui ne saurait tarder et fera suite à celui-ci.

D'ici là, un grand merci à toutes et à tous pour vos échos toujours les bienvenus


©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

Y'a plus de saisons !

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Hier je suis retournée aux Quatre Temps pour photographier les nouvelles vitrines du magasin qui, fin juillet, présentait un décor digne de ceux d'Halloween.






Costume et renne...

Qui porte un costume pour aller en forêt ? hum !...







Là, les dames sont mieux équipées pour aller se balader dans les bois.







L'horloge n'indique pas encore minuit... mais je ne peux m'empêcher d'y penser.







Un fauteuil et une horloge... 

Enfin, cette dame est-elle chez elle, ou en forêt ?...







Horloge et canapé... 

De plus en plus étrange, j'ai l'impression qu'il y a là comme un petit décalage de l'espace-temps !






Horloge, costumes, renne... Noël ?






Ours blanc... Hiver ?






L'arrière du magasin donne sur le parvis de La Défense, juste en face du Cnit dont on aperçoit une partie se reflétant dans la vitrine.






Remarquez le bien, tout est vert dans le décor de ces vitrines, y compris le mobilier. On se croirait en été !

Il n'y a pas une seule feuille morte pour évoquer l'automne !

Mais sur le sol moussude petit cristaux, ou flocons, brillent comme des diamants... Présage des cadeaux de fin d'année ?


C'était mon impression en photographiant ces vitrines qui me semblent délivrer un message subliminal. Associer trois saisons en un seul décor, c'est vraiment très fort ! je tire mon chapeau à la personne qui a conçu ces vitrines.




Voile et aviron sur la Seine
entre le pont de Sèvres et le pont de St Cloud
18 Octobre 2014 - 25° C !



Quand on vous dit qu'il n'y a plus de saisons !





©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014
texte et photos

2014, centenaire de la mort d'August Macke - 1

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Paradies (Paradis)
détail



Cette année, pour commémorer le 100e anniversaire de la mort d'August Macke, tandis que le Kunst Museum de Bonn présente "August Macke und Franz Marc, Eine Künstlerfreundschaft" (August Macke et Franz Marc, une amitié d'artistes), toujours à Bonn, on peut voir à la Maison August Macke une exposition intitulée "Das (verlorene) Paradies"Le Paradis (perdu). Pour plus d'information sur ces deux expositions, lire cet article (en français).


Das (verlorene) Paradies fait référence à une peinture réalisée en commun, par August Macke et son amiFranz Marc, sur un mur de l'atelier d'August en 1912. Peinture qui a été décollée et réinstallée en 1981 au musée de Münster, qui l'avait achetée alors que la maison était pratiquement à l'abandon et menacée de destruction, suite à la disparition d'Elisabeth Gerhardt, l'épouse d'August Macke, décédée en 1978. Depuis, c'est une copie remplaçant l'original que l'on peut voir à Bonn en visitant la maison du peintre rénovée.


Paradies (Paradis) - 400 x 200 cm
August Macke et Franz Marc - 1912
LWL-Museum für Kunst und Kultur, Münster (notice)


Dans la peinture occidentale au début du XXe siècle, le thème du Paradis a été traité par de nombreux artistes, tel Matisse pour n'en citer qu'un.


Le bonheur de vivre
Henri Matisse - 1906
The Barnes Foundation,  Philadelphie, USA (notice)



Avec le recul, on a l'impression qu ces images paradisiaques célébraient la joie de vivre, comme pour conjurer l'approche inéluctable de la guerre.

Cette sale guerre qui allait précipiter August Macke dans la mort et, dix-sept mois après lui, son ami Franz Marc (1880-1916).


Franz Marc en 1913
peintre et ami d'August Macke



August Macke était un peintre allemand qui mourut précocement, fauché par une balle française lors d'une escarmouche près de Perthes-lès-Hurlus en Champagne, le 26 Septembre 1914.



August Macke avec son fils Walter et son épouse, en 1911


Il avait 27 ans, quand sa mort a brutalement brisé le couple heureux qu'il formait avec son épouse et qu'elle a privé deux jeunes enfants de leur père, anéantissant leur joie de vivre pour une très longue période.

Sans parler de la perte d'un artiste des plus talentueux, dont nous allons voir les peintures tout en lisant son histoire.





August Macke à 3 ans
(crédit photo)
Après la naissance de ses cinq sœurs aînées, en arrivant au monde le 3 janvier 1887 au sein d'une famille aisée de Westphalie, August Macke fit le bonheur de ses parents. Surtout celui de son père, qui vit bientôt dans ce garçon tant attendu l'héritier de ses talents artistiques étouffés par ses fonctions d'ingénieur des Ponts et Chaussées doublées de celles de directeur d'une entreprise de construction.
Peu de temps après la naissance d'August, la famille Macke quitta Meschede pour aller habiter à Cologne, où elle demeurera jusqu'en 1900.



À partir de 1900, après avoir été élève au Kreuzgymnasium de Cologne, le jeune August, alors dans sa quatorzième année, va poursuivre sa scolarité au Realgymnasium de Bonn, ville dans laquelle ses parents viennent d'emménager.

En dehors de ce changement d'école, 1900 a également été l'année au cours de laquelle August Macke a eu son premier contact direct avec la peinture, notamment celle d'Arnold Böcklin, lors d'un voyage à Bâle dont il a visité le Kunstmuseum.


Ce fut une révélation


Die Lebensinsel (L'île de la Vie)
Arnold Böcklin - 1888
Kunstmuseum, Bâle (notice)


Désormais, August ne va plus cesser de dessiner et son carnet d'esquisses l'accompagnera dans le moindre de ses déplacements. Seul son art compte pour lui et ses résultats scolaires commencent à péricliter.


Fielder (Lilas)
Auguste Macke - 1903
Kunstmuseum, Mülheim an der Ruhr



En 1903, une autre révélation attend August sur le chemin du lycée. Walter Gerhardt, l'un de ses camarades de classe, lui présente sa sœur Elisabeth. Véloce, Cupidon plante ses flèches dans les cœurs des deux jeunes gens (il a seize ans et elle quinze) déclenchant ainsi un double coup de foudre. Cependant August Macke et Elisabeth Gerhardt vont devoir patienter six ans avant de pouvoir convoler.



Elisabeth Gerhardt et August Macke en 1905
respectivement 17 et 18 ans
(photos sans doute prises le même jour)


En 1904, contre l'avis de ses parents mais avec l'approbation de deux professeurs d'art auxquels il a montré ses œuvres, August abandonne sa scolarité pour entrer à l'Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf. Mais très vite Macke se sent limité par les conventions et les méthodes d'enseignement traditionnelles de l'Académie.



Remigiuskirche in Bonn (Église St Remigius à Bonn)
Auguste Macke - novembre 1902
Gouache (46,5 x 27 cm.) Staedtisches Kunstmuseum, Bonn


Nul doute que le jeune Mack a obtenu sans peine son admission à l'Académie des Beaux-Arts de  Düsseldorf, quand on voit avec quel maîtrise il a peint la Remigiuskirche de Bonn, alors qu'il n'avait pas encore seize ans.

En avril 1905, August voyage en Italie avec Walter et ElisabethGerhardt. Entre Bolzano et Florence, leur périple passe par Bologne et Vérone. Sans oublier Venise, qui lui inspire une belle promenade nocturne, sans doute en souvenir d'un doux moment auprès d'Elisabeth...


Venedig (Venise)
Auguste Macke - 1905
August Macke House, Bonn



À l'automne 1905, August Macke est de retour à Düsseldorf. Parallèlement à ses études à l'Académie des Beaux-Arts, dont l'esprit conservateur ne lui convient plus guère, Macke s'inscrit aux cours du soir de l'École des Arts Appliqués (Kunstgewerbeschule). Les méthodes d'enseignement de cette école étant très différentes de celles prônées par l'Académie, le jeune artiste apprécie de pouvoir y expérimenter toutes les techniques décoratives.


Rotkäppchen (Le Petit Chaperon Rouge)
Auguste Macke - 1906
Décor de scène pour la pièce d'Emil Alfred Herrmann au Schauspielhaus de Düsseldorf



À l'École des Arts Appliqués, Macke est particulièrement heureux de pouvoir travailler tous les matériaux, y compris la gravure sur bois et la céramique. Ses nouvelles compétences vont l'amener à créer des décors pour le tout récent Schauspielhaus de Düsseldorf, le théâtre qui a ouvert ses portes en octobre 1905à Düsseldorf et pour lequel Macke a également dessiné des costumes.



 Kostümentwürfe zur "Orestie" (Projet de costumes pour"Orestie")
Auguste Macke - 1906
Aquarelle et crayon sur papier vélin (23.88 X 31.24 cm) collection privée, Rhénanie



En Juillet 1906, Mackevoyage le long du Rhin depuis Bonn jusqu'aux Pays-Bas, en compagnie de son ami Claus Cito, du dramaturge Herbert Eulenberg et de l'écrivain Wilhelm SchmidtBonn (dont il a fait la connaissance dans le cadre de sa collaboration au théâtre de Düsseldorf). Un long voyage, suivi d'un court séjour à Londres pour visiter le British Museum.


L'autoportrait d'August Macke, ci-dessous, date de sa période d'études à Düsseldorf. On ignore pourquoi ce portrait n'a pas été achevé. La main qui, logiquement, devrait tenir un pinceau n'a pas été terminée. Ce qui laisse supposer que ce style de peinture, enseigné par l'Académie des Beaux-Arts, ne correspondait déjà plus aux idées du jeune peintre. D'ailleurs, en novembre 1906 Macke quitte définitivement l'Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf.




Selbstbildnis (Autoportrait)
Auguste Macke - 1906
LWL-Museum für Kunst und Kultur, Münster



Après la révélation picturale de 1900, l'année 1907 est un second tournant dans l'orientation artistique d'August Macke.

Au printemps de cette année là, August et son ami Claus Cito séjournent à plusieurs reprises à Kandern, en Forêt Noire, pour décorer le hall de l'auberge tenue pas sa sœur aînée, Ottilie Macke. C'est à l'occasion d'un de ces séjours que Macke retourne au musée de Bâle.



Wäsche im Garten in Kandern (Lessive au jardin à Kandern)
Auguste Macke - 1907
Museums Für Neue Kunst, Fribourg




À la suite de sa visite au Cabinet des Gravures du musée de Bâle, il écrit à Elisabeth qu'il a découvert là des photographies de tableaux impressionnistes français qui l'on si fortement impressionné, qu'il ne ressent plus aucun attrait pour les tableaux d'Arnold Böcklin.




Der alte Geiger (Le vieux violoniste)
Auguste Macke - 1906
LWL-Museum für Kunst und Kultur, Münster



Pour Macke, c'en est bien fini du romantisme symbolique

Dorénavant c'est l'Impressionnisme
qui passionne le jeune peintre



L'étude pour un portrait d'Elisabeth (ci-dessous) semble imprégnée d'un japonisme probablement abordé durant ses cours à l'École d'Arts Appliqués de Düsseldorf, alors dirigée par Peter Behrens.



Porträt studie Elisabeth Gerhardt (Étude pour le portrait d'Elisabeth Gerhardt)
Auguste Macke - 1907
collection privée



Les tableaux d'August Macke peints à partir de  1907 témoignent de son revirement stylistique. Notamment celui qui représente son ami, le sculpteur Claus Cito, debout sur le toit de l'auberge.

Un tableau qui se trouve à présent au musée de Kandern, depuis que Til Macke, petit-fils d'August, en a fait don il y a quatre ans.



Knabe auf dem flachen Dach in Kandern (Garçon sur un toit plat à Kandern)
Auguste Macke - 1907
Heimat- und Keramikmuseum (musée d'Histoire et de la Céramique), Kandern



Après avoir terminé de décorer le hall de l'auberge dirigée par sa sœur Ottilie, August quitte Kandern avec une seule idée en tête, aller à la découverte des Impressionnistes français entrevus à Bâle. Été 1907, grâce au parrainage financier de Bernhard Koehler, l'oncle d'Elisabeth (qui par la suite va jouer pour lui le rôle de mécène) Macke peut séjourner Paris durant près d'un mois.

Nul doute qu'il est allé voir l'exposition Cézanne et Crossà la galerie Bernheim-Jeune. Et probablement aussi celle de Matisse au même endroit. Sans parler des Impressionnistes exposés au musée du Luxembourg et des toiles de Monetà la galerie Durand-Ruel.



Angler am Rhein (Pêcheurs au bord du Rhin)
Auguste Macke - 1907
Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau, Munich



De retour en Allemagne, Macke commence à peindre en plein air, à la manière des impressionnistes.

Entre 1907 et 1910 il est clairement inspiré par l'Impressionisme. En regardant ses peintures on pense à Seurat (ci-dessus) à Van Gogh...



Baum im Kornfeld (Arbre dans un champ de blé)
Auguste Macke - 1907
Museum Am Ostwall Dortmund



... à Pissarro...



Spaziergänger (Promeneurs)
Auguste Macke - 1907
collection privée


... à Monet.



Arbeiter auf dem Feld bei Kandern (Ouvriers sur le terrain à Kandern)
Auguste Macke - 1907
collection privée (notice de Christie's)




Dès son retour de Paris, fin Juin 1907, Macke décide d'approfondir sa connaissance des techniques impressionnistes.


Après le bain
Lovis Corinth - 1906
Hamburger Kunsthalle, Hambourg
Compte tenu qu'il doit trouver quelqu'un pour l'héberger, c'est à Berlin, ville où réside l'oncle d'Elisabeth, que Macke (qui a eu vingt ans au début de l'année) part s'installer pour quelques mois, avant d'effectuer son année de service militaire.

Dans cette ville, le meilleur choix qui s'offre à lui est celui de l'atelier du célèbre peintre, sécessionniste et précurseur de l'Impressionnisme allemand, Lovis Corinth. Macke commence à y travailler au mois d'octobre 1907.



À Berlin, Macke passe l'hiver en partageant son temps entre l'atelier de Lovis Corinth et les collections du Kaiser-Friedrich-Museum.

Portraitstudie Erich Reinau (étude de portrait)
Auguste Macke - 1908
Collection Rut Reinau-Lüdicke, Kronberg

Au début du printemps 1908 (trois ans après son premier voyage) Macke se rend de nouveau en Italie. Comme en 1905, il part avec Elisabeth et Walter Gerhardt, mais cette fois-ci le frère et la sœur sont accompagnés par leur mère, Sophie.

Erich Reinau, un ami de collège d'August, est également du voyage.






Frau Sophie Gerhardt, (Madame Sophie Gerhardt)
Auguste Macke - 1908
Collection privée (notice)




Portrait de Bernhard Koehler
Auguste Macke - 1910
Lenbachhaus Museum, Munich

Après le voyage en Italie du printemps 1908, au mois de juillet suivant August et Elisabeth prennent le train pour Paris avec Bernhard Koehler (l'oncle d'Elisabeth) qui souhaite étoffer sa collection de peintures.

Ensemble, ils vont visiter les galeries d'art (Bernheim-Jeune, Ambroise Vollard et Durand-Ruel).

Félix Fénéon, alors directeur de la galerie Bernheim-Jeune, leur propose des aquarelles pointillistes (de Signac et de Cross).





Sonniger Garten (Jardin ensoleillé)
Auguste Macke - 1908
Fondation Surpierre, Wallraf-Richartz-Museum, Cologne




Début octobre 1908, August Macke est incorporé au régiment d'Infanterie de Bonn. Durant son année de service militaire, en dehors de rares permissions il n'a pas la possibilité de peindre, mais il dessine toujours énormément.



Elisabeth Gerhardt, nähend (Elisabeth Gerhardt cousant)
Auguste Macke - 1909
Galerie Utermann (notice)




Le 24 décembre 1908, August Mackeet Elisabeth Gerhardt sont officiellement fiancés.




Geranie mit Gardine (Géranium au rideau)
Auguste Macke - 1909
Collection privée (notice)




August termine son service militaire le 31 septembre, le 5 Octobre 1909, August Macke et Elisabeth Gerhardt s'épousent enfin ! Sitôt après, le jeune couple part en voyage de noces à Paris.





Porträt mit Äpfeln  (Porträt der Frau des Künstlers)
(Portrait aux pommes - Portrait de la femme de l'artiste)
Auguste Macke - 1909
Galerie Utermann



La vie et l’œuvre d'August Macke vont prendre un nouveau tournant...


La suite dans le prochain billet





©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

2014, centenaire de la mort d'August Macke - 2

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Le bonheur de peindre
August Macke
sa vie, son œuvre
(suite)


Der Macke’sche Garten in Bonn (Le jardin des Macke à Bonn) détail
August Macke - 1911
Westdeutsche Landesbank Girozentrale Düsseldorf, Münster



Comme prévu, voici la suite du billet précédent.



Octobre 1909, après leur séjour de Juillet 1908 Elisabeth et August Macke sont de nouveau ensemble à Paris. Pour August, qui avait découvert cette ville en Juin 1907, c'est la troisième fois qu'il séjourne dans la capitale française.

Les jeunes mariés viennent y passer une partie de leur voyage de noces, essentiellement pour visiter le Salon d'Automne où sont exposées cette année là deux douzaines de Figures de Corot, mais aussi quelques toiles de Gauguin et de Matisse.




Selbstporträt mit Hut (Autoportrait au chapeau)
August Macke - 1909
Städtisches Kunstmuseum, Bonn



C'est pendant sa lune de mielà Paris que Macke réalise son Autoportait au chapeau. Cependant, selon certains auteurs, le fond couleur de miel de cette toile découlerait de sa découverte de l'œuvre de Cézanne, d'abord en 1907 à la galerie Bernheim-Jeune, puis en 1908 dans celle d'Ambroise Vollard.



Porträt Helmuth Macke
(Portrait d'Helmuth Macke)
August Macke - 1910
collection privée


Helmuth Macke (1891-1936) cousin d'August et artiste peintre, était lui aussi un admirateur de Cézanne. Au cours de leurs entretiens à Tegernsee, les deux cousins ont souvent discuté de la manière de peindre du maître provençal. L'étude de Cézanne et la rencontre des Fauves lors du Salon d'Automne de 1909 sont les deux moteurs de l'évolution de la peinture de Macke vers l'Expressionnisme.






Selon les mémoires d'Elisabeth, son portrait ci-dessous a été peint à Tegernsee. L'influence de Cézanne s'y fait nettement sentir et on y devine aussi celle de Matisse.




Porträt der Frau des Künstlers mit Hut
(Portrait de l'épouse du peintre avec un chapeau)
August Macke - 1909
LWL- Museum für Kunst und Kultur, Münster (notice)



À Paris, Macke fait la connaissance d'un autre admirateur de Cézanne, le peintre allemand Karl Hofer alors de passage dans cette ville. Hofer encourage Macke à venir s'installer à Paris. Mais finalement, le couple préfère donner suite à l'invitation de l'écrivain allemand Wilhelm Schmidtbonn, qui demeure au bord du Tegernsee.

Macke avait sympathisé avec Wilhelm Schmidtbonn lors de ses créations pour le théâtre de Düsseldorf, en 1906. La même année, Schmidtbonn et Macke avaient voyagé ensemble le long du Rhin, en compagnie du sculpteur Claus Cito et du dramaturge Herbert Eulenberg.




Tegernseer Landschaft (Paysage de Tegernsee)
August Macke - 1910
collection privée



August et Elisabeth arrivent à Tegernsee le 31 octobre 1909 et ils vont y rester un an. Ce séjour à la campagne présente pour eux l'avantage d'être logés à moindre frais en attendant d'acquérir leur propre maison, sans être obligés de cohabiter avec leurs parents.





Ansicht vom Tegernsee (Vue du Tegernsee)
August Macke - 1910
collection privée




Dans un premier temps, ils sont reçus dans la villa Brand, demeure des époux Schmidtbonn. Puis, l'humeur enjouée du jeune couple s’accordant mal avec l'invariable mélancolie de leur ami dramaturge doté d'un tempérament hypersensible, August et Elisabeth vont habiter la maison du maître charpentierStaudacher.




Unser Wohnzimmer mit Blick auf den Gang (Notre salon donnant sur le couloir)
Auguste Macke - 1910
Pastel et fusain, Carnet de croquis



Cette maison est une ancienne fermeà un étage avec un balcon et un grenier.




Unser Häuschen in Tegernsee (Notre maison à Tegernsee)
August Macke - 1910
collection privée


Ci-dessus, la Staudacherhaus est représentée dans un style encore teinté d'Impressionisme. Tout comme le portrait d'Elisabeth ci-dessous



Elisabeth am Schreibtisch (Elisabeth au bureau)
August Macke -  1910
LWL-Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte, Münster (notice)




Portrait de Franz Marc
August Macke - 1910
Gemäldegalerie, Berlin
Le 6 janvier 1910, Macke et son cousin Helmuth, accompagnés du fils de Bernhard Koehler (donc cousin d'Elisabeth), vont à Munich pour visiter la toute récente Moderne Galerie, ouverte le 1er novembre 1909 par Heinrich Thannhauser.

Parmi les œuvres exposées dans cette galerie, il s'en trouve deux, signées Franz Marc, qui monopolisent si vivement son attention que Macke décide immédiatement d'aller faire la connaissance de ce peintre dans son atelier munichois. 





Maria Franck mit weisser Muetze
Maria Franck avec une casquette blanche
Franz Marc - 1906
Franz Marc Museum, Kochel am See
Pour Franz Marc, la visite d'August Macke est capitale. C'est la première fois qu'il rencontre un peintre partageant ses idées.  La sympathie entre les deux artistes s'établit d'emblée et August invite Franz à venir passer quelques jours à Tegernsee.

Cette rencontre est d'autant plus décisive pour Marc que, lors de la visite à la galerie Thannhauser, Bernhard Koehler Jr a acquis trois de ses toiles pour la collection de son père à Berlin. Et par la suite, Bernhard Koehler va continuer à acheter des peintures de Franz Marc.


Suivant l'invitation d'August, le 22 janvierFranz Marc et sa compagne, Maria Franck, rendent visite aux Macke dans leur maison de Tegernsee. À la suite de ces quelques jours passés ensemble, une amitié durable est désormais scellée entre les deux peintres.




Unser Wohnzimmer in Tegernsee - (Notre salon à Tegernsee)
August Macke - 1909
collection privée (notice)



Durant tout son séjour à Tegernsee, August Macke peint intensément. En une année, sa production va atteindre les deux cents tableaux. Une extraordinaire fécondité... peut-être en partie engendrée à la pensée de la promesse de vie qui s'agite dans le ventre d'Elisabeth et qui va bientôt voir le jour.



Walter, drei Tage alt (Walter, âgé de trois jours)
August Macke - 1910
collection privée


Mutter und Kind (Mère et enfant)
August Macke - 1910
collection privée (notice)

Walter Carl August Macke est né le 13 avril 1910 à Tegernsee. Au vu des nombreux portraits que Macke a fait de son fils aîné, seul ou dans les bras d'Elisabeth, on ne peut douter du bonheur que cette naissance a apporté au foyer des jeunes époux.

Toute la tendresse attentive d'un mère pour son enfant déborde du cadre des tableaux peints par Macke dans les mois qui ont suivi la venue au monde du petit Walter.




Mutter und Kind auf einem roten Stuhl (Mère et enfant sur une chaise rouge)
August Macke - 1910
collection privée



Au bord du Tegernsee, August et Elisabeth  baignent dans la joie de vivre et le bonheur intense que leur procure, pour l'un la création artistique en pleine évolution, pour l'autre la maternité.



Porträt Walter Macke mit Häschen (Portait de Walter Macke avec un lapin)
August Macke - 1910
Kunsthalle, Emden (notice du musée)



À Tegernsse, de la Staudacherhaus qu'ils habitent aux alentours du lac, en passant par les scènes d'intérieur, les paysages et les portraits, les sujets ne manquent pas et l'imagination d'August pour composer ses tableaux tourne à plein régime.




Staudacherhaus in Tegernsee (La maison Staudacher à Tegernsee)
August Macke - 1910
Collection Ziegler, Kunstmuseum, Mülheim an der Ruhr (notice)



Stylistiquement très différente de celle que vous avez vue plus haut, ici la Staudacherhaushabitée par Auguste Macke et sa petite famille est peinte à la manière de Georges Braque dans sa période Fauve.

Ce tableau est également remarquable par l'apparition de larges aplats de couleur propres à Matisse.



Unser Gärtchen und Krankenhaus in Tegernsee (Notre jardin et l'hôpital à Tegernsee)
August Macke - 1910
collection privée (notice de Sotheby's)



Aplats de couleurs qui apparaissent dans la vue ci-dessus, ainsi que dans l'amusant paysage du Tegernsee, ci-dessous...




Landschaft am Tegernsee mit LesendemMann und Hund (Paysage de Tegernsee avec homme lisant et chien)
August Macke - 1910
Museum am Ostwall, Dortmund



Ces mêmes aplats figuraient déjà largement dans le portrait d'Elisabeth brodant (ci-dessous) peint à Tegernsee fin 1909.




Stickende Frau im Sessel - Porträt der Frau des Künstlers
(Femme brodant dans un fauteuil - Portrait de l'épouse du peintre)
August Macke - 1909
Kunstmuseum, Mülheim an der Ruhr (notice)



En 1909, la revue Kunst und Künstler dirigée par Bruno Cassirer (cousin du célèbre galeriste et critique d'art berlinois Paul Cassirer) publie la traduction en allemand des "Notes d'un peintre" rédigées l'année précédentes par Henri Matisse.

Nul doute que Macke a lu les Notes de Matisse  et notamment ceci « Les détails diminuent la portée des lignes, ils nuisent à l’intensité émotive, nous les rejetons». Une assertion qui confirme ce que Gustave Moreau avait prédit à Matisse en 1895, quand il étudiait dans son atelier : « Vous allez simplifier la peinture».




Frau auf Balkon (Femme au balcon)
August Macke - 1910
Städtisches Kunstmuseum, Bonn



Entre 1909 et 1910, période durant laquelle Macke réside à Tegernsee, le style de Macke se tourne de plus en plus vers le Fauvisme.

La Femme au balcon ci-dessus est sans aucun doute un portrait d'Elisabeth brodant sur le balcon de la maison Staudacher.




Segelboot auf dem Tegernsee (Voilier sur le Tegernsee)
August Macke - 1910
Musée Albertina, Vienne, Autriche (notice)



Il est évident que ce Voilier sur le Tegernsee surfe sur la vague Fauve et que Matisse est à la barre.




Lautenspielerin  (Joueuse de luth)
August Macke - 1910
Beaubourg, Musée national d’art moderne, Paris (notice du musée)



La Joueuse de Luth, elle aussi, semble directement inspirée par le style de Matisse.


Durant la première quinzaine de Septembre 1910, la Galerie Thannhauser à Munich expose des œuvres des artistes de la Neue Künstlervereinigung München (N.K.V.M.) la Nouvelle Association des artistes munichois fondée à la fin de l'année précédente par Kandinsky et  Alexej von Jawlensky.

Parmi les exposants, outre les expressionnistes russes et allemands, se trouvaient des toiles de Vlaminck, Braque, Picasso et Van Dongen. August Macke et son ami Franz Marc se sont rendus à cette exposition et ils ont pris contact avec les peintres membres de la N.K.V.M.



Frühlingslandschaft in Tegernsee (Paysage de Printemps à Tegernsee)
August Macke - 1910
collection privée (notice de Christie's)









Dans l'ambiance prolifique de l'année passée à Tegernsee, pour August comme pour Elisabeth, les saisons ont vite passé. L'automne arrive déjà et les premières feuilles jaunes apparaissent. Pour August Macke une page va se tourner.




Tegernsee Landschaft (Paysage de Tegernsee)
August Macke - 1910
Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg




Pour un peintre, le site enchanteur du Tegernsee est un lieu idéal, comme l'a été Giverny pour Claude Monet, par exemple. Cependant, pour August Macke qui est seulement au début de sa carrière, la ville demeure le lieu incontournable pour acquérir la notoriété.



Waldbach (Ruisseau forestier)
August Macke - 1910
Indiana University, Art Museum (notice)



En octobre 1910, à Bonn la maison qui leur est destinée est sur le point d'être terminée.

Pour la petite famille Macke, il est temps de plier bagage et de quitter le village de Tegernsee pour aller s'installer en ville.





Der Macke’sche Garten in Bonn (Le jardin des Macke à Bonn)
August Macke - 1911
Westdeutsche Landesbank Girozentrale Düsseldorf, Münster






Nous la retrouverons prochainement
dans le troisième épisode de ce billet
consacré à la vie et l’œuvre d'August Macke.







©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

2014, centenaire de la mort d'August Macke - 3

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La Peinture comme Art de Vivre
August Macke
sa vie, son œuvre
(suite)



Stillleben mit Strauß und Buddha (Nature morte avec fleurs et Bouddha)
August Macke - 1911
August Macke Haus, Bonn



Dans le billet précédent, nous avons laissé August Macke et sa petite famille en train de faire leurs bagages pour venir s'installer à Bonn.

Pour un jeune artiste peintre obligé de gagner sa vie et de faire vivre sa petite famille en vendant ses œuvres, résider à la campagne à longueur l'année n'est pas recommandé. C'est ainsi qu'après y avoir séjourné toute une année, August Macke et son épouse Elisabeth, accompagnés de leur jeune fils Walter, quittent les rives du Tegernsee pour celles du Rhin.



Flußlandschaft mit Angler (Paysage fluvial avec un pêcheur)
Auguste Macke - 1911
Städtische Galerie im Lenbachhaus, Münich



Les relations professionnelles indispensables à la poursuite de sa carrière lui imposant de demeurer en ville, c'est donc à Bonn (où vit la famille d'Elisabeth) qu'à partir de Novembre 1910August Macke va résider.



Zwei Frauen am Tisch - Elisabeth und Sophie Gerhardt
Deux femmes à une table  - Elisabeth et Sophie Gerhardt
Auguste Macke - 1910
collection privée



Dans un premier temps, le couple habite avec Sophie Gerhardt dans la maison parentale d'Elisabeth, en attendant que les travaux de réfection de la maison voisine sur la Bornheimer Straße (maison qui a servi d'annexe à la société de Carl Gerhardt) soit totalement rénovée et aménagée en habitation.





Frau, eine Blumenschale tragend (Femme portant un bol de fleurs)
Auguste Macke - 1910
Collection Ziegler, Kunstmuseum, Mülheim an der Ruhr



Stillleben mit Katze (Nature morte avec chat)
Auguste Macke - 1910
Städtische Galerie im Lenbachhaus - Munich



Stillleben Hyazinthenteppich (Nature morte jacinthe et tapis)
Auguste Macke - 1910
collection privée



La belle dame à la coupe de fleurs et les natures mortes, ci-dessus et ci-dessous, correspondent peut-être à la période allant de Novembre 1910 à Février 1911, trois mois durant lesquels Macke a sans doute dû se contenter de peindre des toiles de petits formats dans l'une des pièces de la maison de la mère d'Elisabeth, pas spécialement adaptée à un tel usage.




Stillleben mit Palme (Nature morte avec palmier)
Auguste Macke - 1910
Kunsthandlung Wolff, Münich



Weißer Krug mit Blumen und Früchten (Pichet blanc avec fleurs et fruits)
Auguste Macke - 1910
Franz Marc Museum, Kochel am See



En février 1911, la petite famille s'installe dans la maison de la Bornheimer Straße, voisine de celle des parents d'Elisabeth (cliquer pour voir la maison et se promener dans le quartier).

August Macke peut enfin commencer à peindre dans un véritable atelier. C'est là que vont naître les quelques quatre cents tableaux qu'il a peints entre Février 1911 et Août 1914.




Marienkirche (Église Ste-Marie)
Auguste Macke - 1911
Collection privée (notice de Christie's)



Aménagé sur toute la surface de l'ancien grenier de la maison, l'atelier a été pourvu de grande baies vitrées sur trois côtés. C'est depuis ses fenêtres que Macke a représentée à plusieurs reprises la Marienkirche.




Marienkirche mit Häusern und Schornstein(Église Ste Marie avec maisons et cheminée)
Auguste Macke - 1911
Städtisches Kunstmuseum, Bonn



De style néogothique, l'église Ste Marie est entourée d'habitations. Elle se trouve à proximité de l'ancienne brasserieKurfürsten-Bräu AG (aujourd'hui désaffectée) dont la haute cheminée (à voir ici) pourrait être celle qui apparait sur les tableaux ci-dessus et ci-dessous.

Mais, à moins qu'il s'agisse d'une liberté d'artiste, l'ancienne brasserie est trop éloignée de l'église pour que sa cheminée soit située entre l'église et la maison de Macke. C'est donc probablement une autre cheminée, aujourd'hui disparue, qui figure sur ces deux représentations de la Marienkirche.



Marienkirche im Schnee (Église Ste-Marie dans la neige)
Auguste Macke - 1911
Kunsthalle, Hambourg



Après la neige du mois de Février 1911, tombée sur Bonn au moment de l'emménagement des Macke dans leur nouvelle maison, fidèle à lui même, August continue à peindre le cours des saisons en se penchant sur l'éclosion du printemps dans leur jardin .




Unser Garten mit blühenden Rabatten (Notre jardin avec la plate-bande en fleurs)
Auguste Macke - 1911
Kunsthalle, Hambourg



Ci-dessus la maison des Macke est cachée par les arbres. Les bâtiments que nous voyons sur la droite sont les anciens locaux de l'entreprise C. Gerhardt. Cliquer ici pour voir ces bâtiments de nos jours, bâtiments qui comprenaient l'habitation des parents d'Elisabeth.

Cliquer ici pour voir C. Gerhardt, nom de l'entreprise qui demeure inscrit en grosses lettres sur le côté du dernier bâtiment.

Lire ici l'articleQuand la technique rencontre la nature et l'art sur le site actuel de l'entreprise.

Quant à la maison couleur brique, tout au fond du tableau, c'est celle qui se trouve de l'autre côté de la Bornheimer Straße.




Der Macke’sche Garten in Bonn (Le jardin des Macke à Bonn)
Auguste Macke - 1911
Westdeutsche Landesbank Girozentrale Düsseldorf, Münster



Le printemps est arrivé. Le 13 Avril 1911 le petit Walter a soufflé sa première bougie. À présent l'été s'annonce, il fait déjà chaud et les stores de l'entreprise du grand-père de Walter sont baissés.

Elisabeth jardine les bras nus, un œil sur son enfant qui marche déjà comme un grand, mais qui, comme tous les enfants de cet âge, nécessite une vigilance de chaque instant.



Elisabeth und Walterchen mit Wolf (Elisabeth et Walter avec Wolf)
Auguste Macke - 1911
Westdeutsche Landesbank Girozentrale Düsseldorf, Münster



Là c'est vraiment l'été. Wolf, le chien de la maison, a trop chaud. Il s'est couché à l'ombre, le ventre au frais sur le gazon, tandis qu'Elisabeth se penche tendrement vers le petit Walter pour lui faire respirer une fleur.




Sitzender Akt mit Kissen (Nu assis aux coussins)
August Macke - 1911
Wilhelm Lehmbruck Museum, Duisburg



Il fait si chaud en cet été 1911, qu'en remontant du jardin, Elisabeth a mis Walterà dormir dans la pièce la plus fraîche de la maison. Puis elle est allée prendre une bonne douche rafraîchissante et, sans même se rhabiller, elle est montée à l'atelier, car August lui a proposé le matin même de poser pour un portrait de dos.




Frau im Garten (Femme au jardin)
August Macke - 1911
Collection privée



Cette Femme au jardin ci-dessus, m'a beaucoup intriguée. Il y a de grande chance pour que ce soit Elisabeth.

Je me suis demandée où peut bien se trouver ce jardin. Vu les montagnes, il ne peut pas s'agir de celui des Macke à Bonn. Alors je pense que c'est peut-être celui d'Ottilie, la sœur aînée d'August qui vit à Kandern depuis qu'elle a épousé le patron de l'Auberge de la Couronne (Gasthauses Krone).




Kirche in Kandern (Église à Kandern)
August Macke - 1911
Collection privée



Il se peut que ce soit en raison de la terrible canicule de l'été 1911 que les Macke sont allés séjourner à Kandern cet année -là, pensant y trouver un peu de fraîcheur... Ou bien, c'était tout simplement pour présenter le petit Walterà sa tante Ottilie.



Straße mit Kirche in Kandern (Rue avec église à Kandern)
August Macke - 1911
Museum für Neue Kunst, Fribourg-en-Brisgau



Après Kandern, où la petite famille Macke n'avait sans doute pas trouvé assez de fraîcheur, c'est sur les bords du lac de Thoune qu'ils sont allés en chercher davantage.

Depuis qu'August Macke s'est installé à Bonn, il ne reste pas en permanence dans son grenier atelier. Il multiplie les contacts afin de se faire un nom parmi les peintres rhénans. De Bonn à Cologne, il se déplace pour rencontrer les conservateurs des musées, les directeurs de galeries et autres personnalités du monde artistique et littéraire.

Macke fait la connaissance deMax Ernst, qui suit les cours de philosophie à l'université de Bonn et se lie d'amitié avec lui. Autre étudiant ami de MackePaul Adolf Seehaus, un jeune peintre natif de Bonn qui étudie l'histoire de l'Art et qui va devenir son élève (à titre gracieux).  

Par ailleurs, Macke se lie d'amitié avec l'écrivain Erich August Greeven (1880-1966) dont il nous a laissé un beau portrait.



Porträt des Schriftstellers E.A. Greeven (Portrait de l'écrivain E.A. Greeven)
Auguste Macke - 1911
Kunstmuseum, Bonn



Il y a souvent du monde dans l'atelier d'August et le couple reçoit beaucoup d'amis.



Stillleben mit Sonnenblumen (Nature morte avec tournesols)
August Macke - 1911
Collection privée


De la salle à manger...



Stillleben mit Hirschkissen und Strauß
(Nature morte avec cerfs sur coussin et bouquet)
August Macke - 1911
Museum für Kunst und Kulturgeschichte, Lübeck


au salon...



Zwei Schwestern (Deux sœurs)
August Macke - 1911
Lehmbruck Museum, Duisburg (crédit)



...les visiteurs se succèdent.

Entre correspondance et invitations, Elisabeth ne chôme guère.



Elisabeth am Schreibtisch (Elisabeth au bureau)
August Macke - 1911
Museum Pfalzgalerie, Kaiserslautern




Depuis leur rencontre à Munich et la consolidation de leur amitié à Tegernsee, August Mackeet Franz Marc sont restés constamment en contact. Oralement ou par courrier, ils échangent leurs impressions sur la théorie des couleurs et les relations entre la peinture et la musique.

Des échanges qui découlent de la sympathie grandissante de Marc pourles idées de Kandinsky, après qu'ils aient fait connaissance lors de l'exposition de la Nouvelle Association des artistes munichois (NKVM) en septembre 1910 (voir billet précédent).



Gemüsefelder (Champs potagers)
August Macke - 1911
Kunstmuseum, Bonn



Avec ces Champs potagers (peut-être peints à Kandern) on voit nettement qu'en cette année 1911 la peinture d'August Mack prend un nouveau virage, déjà amorcé en début d'année avec ses vues de la Marienkirche et celles de ses jardins.



Frauenkopf in Orange und Braun
(Portrait de Mme Macke - Tête de femme orange et marron)
August Macke - vers 1911
Centre Pompidou (Beaubourg) musée d'Art Moderne, Paris (notice)



Les teintes automnales semblent indiquer que ce nouveau portrait d'Elisabeth pourrait bien avoir été peint à la fin de l'été caniculaire de 1911. Un portrait qui montre clairement que le style de Macke est en pleine évolution.

Dans le même temps, à Munich les choses bouillonnent et les membres de la Nouvelle Association des artistes Munichois étant en désaccord, Franz Marc et son ami Kandinsky (qui habitent durant l'été des villages voisins en Haute-Bavière) sont en train de mijoter le manifeste d'un nouveau courant artistique qu'ils vont de baptiser Der Blaue Reiter (Le Cavalier Bleu).



Frau mit Gitarre (Femme à la guitare)
August Macke - 1911
Collection privée



Le Cavalier Bleu a tout d'abord été le titre d'un recueil sur les tendances nouvelles de la peinture. Conçu comme un album commun portant un « regard comparatif historique et artistique sur tous les genres, époques et peuples», l'ouvrage est un manifeste pour la naissance d'un art nouveau basé sur les sources élémentaires de l'inspiration créatrice.


À la demande de Franz Marc, à l'automne 1911 Macke se rend à Munich, où demeure son ami, pour collaborer à la rédaction de l'Almanach du Cavalier Bleu. C'est avec un texte sur les masques des peuples primitifs qu'il apporte sa pierre à l'ouvrage.



Geraniums Before Blue Mountain (Géraniums devant la Montagne Bleue)
August Macke - 1911
Milwaukee Art Museum, Wisconsin USA (notice)


Franz Marc habite à l'année à Sindelsdorfen Haute-Bavière. À la belle saison, Kandinsky qui le reste du temps demeure à Munich, vient chez Gabriele Münterà Murnau am Staffelsee, un village pas très éloigné de Sindelsdorf, ainsi les deux amis se voit souvent. Franz Marc a surnommé sa région, Le Pays Bleu.

C'est certainement lors de son séjour à Sindelsdorf et à Murnau, pour collaborer à la rédaction du premier Almanach du Cavalier Bleu, que Macke a peint ses Géraniums devant la Montagne Bleue.


La Montagne Bleue (Der blaue Berg) est aussi un tableau de Kandinsky, peint à Murnau vers 1909, quand il n'avait pas encore totalement négocié son virage vers l'abstraction. La notice de la Solomon R. Guggenheim Foundation, où est conservée Der blaue Berg, donne une explication des plus intéressante sur le thème récurrent du Cavalier dans la peinture de Kandinskyà cette époque et se son rapport avec le Cavalier Bleu.





Indianer (Indiens)
August Macke - 1911
(huile sur bois) Collection privée



Les Indiens ci-dessus,  montrent l'influence discrète du style de Kandinsky sur celui d'August Mackeà la fin de l'année 1911, tout en évoquant la peinture de Gauguin.




Indianer auf Pferden (Indiens à Cheval)
August Macke - 1911
(huile sur bois) Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich



Ces Indiens à Cheval accompagnent trois autre tableaux de Macke, dont la Lautenspielerin (la Joueuse de luth vue dans le billet précédent) et La Tempête ci-dessous, envoyés à Münich pour participer à la première exposition du Cavalier Bleu.



Der Sturm (La Tempête)
August Macke - 1911
Saarlandmuseum - Moderne Galerie, Sarrebruck



En dehors de ses peintures dans le style de Delaunay, La Tempête est sans doute le tableau d'August Macke le plus "abstrait". Il a été peint dans l'atelier de Franz Marc pendant le séjour de Macke à Sindelsdorf . Malgré la relative abstraction de cette œuvre, on peut cependant reconnaître dans paysage quasi désertique où trois arbres sont inclinés à 45 degrés, une sorte de grand vautour blanc au-dessus d'une tornade bleue qui figurent le déchaînement des éléments.

Certains artistes ayant refusé de suivre Kandinsky dans son cheminement vers l'abstraction, cette profonde divergence provoque la scission de la NKVM. À l'initiative de Kandinsky, de Franz Marc et de quelques autres de leurs amis dont Paul Klee (qui a récemment fait la connaissance d'August Macke) Le Cavalier Bleu voit le jour prématurément, poussé par l'urgence de l'exposition prévue à Münich en décembre 1911.




Drei Mädchen in einer Barke (Trois filles dans une barque)
August Macke - 1911
Städtische Galerie Im Lenbachhaus, Munich



En quelle saison de 1911 les Trois filles dans une barque ci-dessus ont-elles été peintes ? Je me demande si cette image paradisiaque n'est pas en rapport avec la méchante canicule de l'été 1911... Quoi qu"il en soit, elle aussi porte la trace de l'influence de Kandinsky.




Circusbild I - Kunstreiterin mit Clowns (Écuyère avec des clowns)
August Macke - 1911
LWL-Museum, Münster


Pas sûr que l'Image du Cirque ci-dessus date de la fin de l'année 1911. Néanmoins il me plaît d'imaginer qu'à l'approche des fêtes de fin d'année, August et Elisabeth ont emmené au cirque leur petit Walter qui a eu vingt mois le 13 décembre.



Clown in grünem Kostüm (Clown dans un costume vert)
August Macke - vers 1910-11
Collection du Dr Gustav Rau, ArpMuseum, Remagen



Ainsi se termine le troisième volet de ma "petite" biographie illustrée d'August Macke. Dans le quatrième nous verrons qu'à partir de 1912 le style de sa peinture continue de progresser sur des chemins inattendus.





Texte ©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

Intermède hors saison

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C'était à prévoir...

  
la récolte est tellement abondante que

..je ne suis pas sortie du roncier !


Quelques intermèdes, plus en accord avec la saison

interviendront sans doute en attendant

la suite de la série...

 l'année prochaine !




Photo ©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

Carillons de Noël

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Pour vous qui passez par ici


























Carillons de Noël

Le vieux sonneur monte au clocher,
Jusqu’aux meurtrières béantes
Où les corneilles vont nicher,
Et, chétif, il vient se percher
Au milieu des poutres géantes.

Dans les ténèbres où ne luit
Qu’un falot pendant aux solives,
Il s’agite et mène grand bruit
Pour mettre en danse cette nuit
Les battants des cloches massives.

Joyeuses, avec un son clair,
Les voix des cloches, par le faîte
Des lucarnes, s’en vont dans l’air,
Sur les ailes du vent d’hiver,
Comme des messagers de fête.

Noël ! Noël !... Sur les hameaux
Où les gens rentrent à la brume ;
Sur les bois noirs et sur les eaux
Où tout un peuple de roseaux
Frissonne au lever de la lune ;

Noël !... Sur la ferme là-bas,
Dont la vitre rouge étincelle,
Sur la grand-route où, seul et las,
Le voyageur double le pas,
Partout court la bonne nouvelle...

Oh ! ces carillons argentins
Dans les campagnes assombries,
Quels souvenirs doux et lointains,
Quels beaux soirs et quels doux matins
Ressuscitent leurs sonneries !

Jadis ils me versaient au cœur
Une allégresse chaude et tendre ;
J’ai beau vieillir et passer fleur,
Je retrouve joie et vigueur,
Aujourd’hui, rien qu’à les entendre...

Et cette musique de l’air,
Cette gaîté sonore et pleine,
Ce chœur mélodieux et clair
Qui s’en va dans la nuit d’hiver
Ensoleiller toute la plaine,

C’est l’œuvre de ce vieux sonneur
Qui, dans son clocher solitaire,
Fait tomber, ainsi qu’un vanneur,
Cette semence de bonheur
Sur tous les enfants de la terre.


André Theuriet




Carol of the Bells par le chœur d'enfants Libera





L'origine de Carol of the Bells est un chant traditionnel ukrainien intitulé Shchedryk. Ce chant a connu un succès international. Il a été adapté dans toutes sortes d'harmonisations et pour toutes sortes d'instruments, y compris les plus inattendus :









Joyeux Noël !
et
Bonne St Sylvestre


Heureuse fin d'année à toutes et à tous

À l'an prochain !








©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

Premier Janvier en poésie

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1926Arthur Rackham, illustration pour The Tempest (détail)



Le 27 décembre dernier, le vent a soufflé en tempête sur les côtes de la Manche et ce jusqu'en Île-de-France, réveillant ainsi les mauvais souvenirs de la tempête du 26 décembre 1999.



The Wind

I saw you toss the kites on high
And blow the birds about the sky ;
And all around I heard you pass,
Like ladies' skirts across the grass
O wind, a-blowing all day long,
O wind, that sings so loud a song !

I saw the different things you did,
But always you yourself you hid.
I felt you push, I heard you call,
I could not see yourself at all
O wind, a-blowing all day long,
O wind, that sings so loud a song!

O you that are so strong and cold,
O blower, are you young or old ?
Are you a beast of field and tree,
Or just a stronger child than me ?
O wind, a-blowing all day long,
O wind, that sings so loud a song !

Robert Louis Stevenson (1850-1894)



The Wind
Mary Ruth Hallock - 1919
illustration pour le poème de Robert Louis Stevenson



Le premier jour de l'an

Les sept jours frappent à la porte.
Chacun d'eux vous dit : lève-toi !
Soufflant le chaud, soufflant le froid,
Soufflant des temps de toutes sortes,
Quatre saisons et leur escorte
Se partagent les douze mois.
Au bout de l'an, le vieux portier
Ouvre toute grande la porte
Et d'une voix beaucoup plus forte
Crie à tous vents : Premier Janvier !

Pierre Menanteau (1895-1992)



Carte de vœux de l'époque victorienne



Étrennes

En lieu de mai, de dorure, ou de chaîne
A ce matin premier jour de l'année
Je vous envoie un brin de gui de chêne ;
N'êtes-vous pas richement étrennée ?
Cette façon d'en donner n'est pas née
De moi premier : les vieux Druides sages
En présentaient ce jour pour bons présages.
Oh ! qu'en ce gui tel signe fût compris
Puisque le glud se fait de ses feuillages
Que votre cœur du mien dût être pris !

Mellin de Saint-Gelais (1487-1558)




Ancienne carte de vœux américaine (vers 1880-90)





Vœux simples

Vivre du vert des prés et du bleu des collines,
Des arbres racineux qui grimpent aux ravines,
Des ruisseaux éblouis de l'argent des poissons ;
Vivre du cliquetis allègre des moissons,
Du clair halètement des sources remuées,
Des matins de printemps qui soufflent leurs buées,
Des octobres semeurs de feuilles et de fruits
Et de l'enchantement lunaire au long des nuits
Que disent les crapauds sonores dans les trèfles.
Vivre naïvement de sorbes et de nèfles,
Gratter de la spatule une écuelle en bois,
Avoir les doigts amers ayant gaulé des noix
Et voir, ronds et crémeux, sur l'émail des assiettes,
Des fromages caillés couverts de sarriettes.
(........)

La chaumière à la mère Boucault
Fernand Quignon (1854-1841)
Collection privée


Ah ! vivre ainsi, donner seulement ce qu'on a,
Repousser le rayon que l'orgueil butina,
N'avoir que robe en lin et chapelet de feuilles,
Mais jouir en son plein de la figue qu'on cueille,
Avoir comme une nonne un sentiment d'oiseau,
Croire que tout est bon parce que tout est beau,
Semer l'hysope franche et n'aimer que sa joie
Parmi l'agneau de laine et la chèvre de soie.

Cécile Sauvage (1888-1907)





International Year of Light
2015
Année internationale de la Lumière

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2015 Année de la Lumière en France










Merci aux amies et amis du grenier
pour leur fidélité
et pour leurs échos
toujours les bienvenus

Bonne année
Bonne santé
Que la chance soit avec vous
tout au long de 2015






©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2015

Fiat Lux

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2015 année internationale de la Lumière








©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2015

Cogito ergo sum

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crédit pour l'image du drapeau


























Ma participation à la mémorable manifestation du
11 janvier 2015
en faveur de la démocratie
et de la liberté d'expression



Edit du lundi 12 janvier 2015

Si vous ne savez pas encore qui est Adonis, cliquez ici.
Et pour l'écouter, cliquez là.




©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2015

Jonquille ou Narcisse ?

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   Parc de la Boucle de Montesson, 16 février 2013









Es-tu narcisse ou jonquille ?
Es-tu garçon, es-tu fille ?
Je suis lui et je suis elle,
Je suis narcisse et jonquille,
Je suis fleur et je suis belle
Fille.

Roberts DesnosLe Narcisse et la Jonquille recueil Chantefables





Jonquille ou Narcisse ?ne confondez plus




Le Narcisse jaune (ou Narcisse trompette)





Le Narcisse des Poètes

Narcisse des poètes (Narcissus poeticus)




Au même titre que les roses et les iris,
le
Narcisse des poètes
fait partie de
mes fleurs préférées.



Et vous ?
quelle est votre fleur préférée ?



(ce petit intermède poético-floral est destiné à me donner le temps de terminer le prochain épisode de ma biographie d'August Macke)

©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2015

2014, centenaire de la mort d'August Macke - 4

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1912 une année fertile à tous points de vue
August Macke
sa vie, son œuvre
(suite)







La dernière fois, nous en étions resté au moment où fin 1911, après avoir participé à la rédaction de l'Almanach du Blaue Reiter (le programme du tout jeune Cavalier Bleu) August Macke passe les fêtes de fin d'année chez lui, à Bonn, avec Elisabeth et leur petit Walter.



Walterchens Spielsachen (Jouets du petit Walter)
August Macke - 1912
Städel Museum, Francfort-sur-le-Main



Pendant ce temps, du 18 décembre 1911 au 1er janvier 1912, se tient à Munich la première exposition du Cavalier Bleu (Der Blaue Reiter) ce nouveau mouvement pictural issu des dissensions entre, d'une part Kandinsky et ses amis, et d'autre part les peintres de la Nouvelle Association des artistes munichois (NKVM) fortement contrariés par  l'évolution de Kandinsky vers l'Abstraction.



Composition V
Vassily Kandinsky - 1911
Collection privée (huile 190 x 275 cm)


La Composition V ci-dessus, est le tableau de Kandinsky que les artistes munichois de la NKVM ont refusé d'exposer parmi les leurs, soit disant pour une question de dimensions, mais en réalité parce qu'ils le trouvaient trop abstrait.

Cet exclusion a eu pour conséquence la naissance du  Cavalier Bleu et la présentation au public de deux expositions en même tempsà la Galerie Heinrich  Thannhauser de Munich : celle de la NKVM au rez-de-chaussée et celle du Cavalier Bleu au premier étage de la galerie.



Russisches Ballett (Ballets russes)
August Macke - 1912
Kunsthalle, Brême


Le spectacle de danse ci-dessus est inspiré de Carnaval, un ballet créé en 1910 par Michel Fokine et repris par la compagnie des Ballets russes de Serge Diaghilev.

Ici, Macke nous place parmi les spectateurs (à l'époque les grands chapeaux n'étaient pas encore bannis des théâtres !) et il braque son projecteur pictural sur le célèbre trio de la Commedia dell'arte,Pierrot levant les bras aux ciel avec une mine désolée et Arlequin sautillant fougueusement auprès d'une Colombine sainte-nitouche aguicheuse.

Dans la chorégraphie contemporaine (cliquer pour voir la vidéo) du ballet Carnaval de Mikhail Fokine, Pierrot n'apparait pas en même temps que les pas de deux de Colombine etArlequin. Liberté d'artiste, ou distraction de ma part en visionnant la vidéo ? je penche pour une liberté d'August Macke.



Märchenerzähler (Conteur d'histoires)
August Macke - 1912
Museum Frieder Burda, Baden-Baden (notice du musée)



Là, je n'ai pas trouvé d'explication. Ce "Märchenerzähler" (littéralement, conteur de contes de fées) a peut-être fait partie d'un spectacle vu par Macke et sa petite famille cette année-là... ou peut-être pas.

Le tableau pourrait tout aussi bien représenter une scène sortie de l'imagination de Macke, fasciné par l'Orient depuis qu'il a vu l'exposition des chef-d’œuvres de l'art mahométan "Meisterwerke muhammedanischer kunst" qui s'est tenue à Munich en 1910.

Chose troublante,en 1925 le jeune Waltera dessiné ici, sa version des deux conteurs, peints par son père treize ans auparavant.



Orientalische Frauen (Femmes orientales)
August Macke - 1912
Collection privée



Dans le billet précédent, nous avons vu deux tableaux queMacke avait envoyés à Münich pour participer à la première exposition du Cavalier Bleu en décembre 1911. L'envie de passer les fêtes de fin d'année en famille n'était sans doute pas une raison suffisante pour qu'il s'abstienne de faire le voyage jusque Munich.



Junge mit Buch und Spielsachen (Garçon avec livre et jouets)
August Macke - 1912
Collection privée (lire la notice de Sotheby's)


Déjà, les inimitiés et divergences d'opinion avec certains membres du Cavalier Bleu incitaient August Mackeà se maintenir à distance d'un mouvement qui ne répondait pas à la plupart de ses idées en matière de peinture.

C'est donc à Cologne, dans les locaux du Gereonsklub, où il l'a faite venir en janvier 1912, que Macke voit la première exposition du Cavalier Bleu. C'est par manque d'intérêt de la part du public munichois, que cette expo a été obligée de fermer prématurément ses portes à Munich et d'entamer une tournée à travers les grandes villes d'Allemagne, Cologne étant la première étape d'un périple qui va se poursuivre jusqu'en 1914.



Frau des Künstlers - Studie zu einem Porträt
(L'épouse du peintre -  Étude pour un portrait)
August Macke - 1912
Staatliche Museen, Berlin




Durant ce même mois de janvier 1912, August écrit à son ami Franz Marc pour lui annoncer qu'il va faire partie du comité de travail de la Sonderbund, la grande exposition internationalequi va avoir lieu à Cologne du 25 mai au 30 septembre 1912.



Couverture et frontispice du Catalogue
cliquez ici pour feuilleter le catalogued'exposition de la Sonderbund 1912




La peinture ci-dessous, intitulée Rokoko, est une huile sur toile de 89 sur 89 cm. Elle est exceptionnelle dans l’œuvre de Macke, tant par son format que par sa composition.

Rokoko fait partie des cinq tableaux présentés par Macke à l'exposition "Sonderbund" de 1912 : Internationale Kunstausstellung des Sonderbundes Westdeutscher Kunstfreunde und Künstler, en français "Exposition artistique internationale de l'alliance particulière des amateurs d'art et des artistes d'Allemagne occidentale", Sonderbund (alliance particulière) étant l'abréviation du long titre original de cette exposition internationale, point de départ de l'Art Moderne.


Rokoko (Rococo)
August Macke - 1912
Musée national de l'Art, de l'Architecture et du Design, Oslo


Le titre et le thème de Rokokoévoquent la peinture Rococo des fêtes galantes. Cependant, au XVIIIe siècle en Allemagne (à quelques rares exceptions près) la peinture de style Rococo demeure cantonnée dans les églises et elle n'a pas grand chose à voir avec le Rococo français à la Watteau. Beaucoup plus sage qu'une scène de Watteau, celle de Macke parait davantage en rapport avec les fêtes données par la reine Marie-Antoinette dans son domaine de Versailles, qu'avec celles de Louis XV.

Rokoko  semble être l'expression du désirde revenir à un mode de vie plus simple, plus stable, plus en accord avec la nature. Un désir partagé tant par August Macke et son ami Franz Marc dans l'Allemagne des années 1910, que par la Reine-Bergère fuyant les mondanités de la cour de Louis XVI.

Un tableau de Walter Geffken, un allemand peignant beaucoup de scènes de style néo-rococo et exposant régulièrement ses œuvres à Munich au début du XXe siècle, a peut-être servi de déclencheur pour le Rokoko de Macke...

Quant au cadre de cette scène bucolique, il se peut qu'il soit inspiré de celui duBelvédère et du Grand Rocher du Petit Trianon.Macke a pu visiter Versailles et ramener un croquis fait sur place, ou voir une lithographie de cette aquarelle...

C'est avec les couleurs de Rokoko, que l'influence de Gauguin sur August Macke est la plus évidente. Ses couleurs rappellent celles du tableau Le Talisman, l'Aven au Bois d'Amour peint par Paul Sérusier suivant les conseils de Gauguin lui suggérant l'emploi de couleurs vives.

Dernier détail à propos de Rokoko, l'instrument joué par le pâtre est un hautbois pastoral. Soit un Schalmei (ce qui correspond en français à la chalémie) soit un rauschpfeife les deux instruments étant très proches l'un de l'autre (pour écouter le son du rauschpfeifecliquez ici) .




Spaziergang auf der Brücke (Promenade sur le pont)
August Macke - 1912
Collection privée


Au lendemain de l'inauguration de l'exposition internationale de la Sonderbund  à Cologne, Macke écrit de nouveau à son ami Franz Marc pour lui raconter que finalement, vu les multiples dissensions au sein du jury de l'expo, il a renoncé à en faire partie.

Dans un courrier ultérieur, il mentionne que Spaziergang auf der Brücke, l'un de ses tableaux exposés à la Sonderbund (reproduit ci-dessus) a été acheté par Franz Kluxen, un jeune collectionneur richissime à la recherche de tableaux pour meubler sa villa nouvellement construite à Wyk auf Foehr. Par la suite, Franz Kluxen a acquis le Cheval dans un Paysage de Franz Marc et bien d'autres tableaux prestigieux.



Spaziergänger am See -1- (Promeneurs au bord du lac)
August Macke - 1912
Collection privée


Une belle aquarelle de Macke, datée de 1913, porte le même titre que l'huile ci-dessus. Nous la verrons donc un peu plus tard. Cette petite annonce me donne l'occasion de rappeler qu'il ne faut pas oublier qu'en parallèle à ses tableaux à l'huile, August Macke a produit quantité de dessins et d'aquarelles.

Toujours dans le courant de l'année 1912, grâce aux relations que Kandinsky entretient avec l'avant-garde russo-ukrainienne, notamment deux peintres du Valet de Carreau, les frères David et Vladimir Bourliouk (qui ont rédigé un article pour l'almanach du Cavalier Bleu) Macke va exposer six tableaux à Moscou lors de l'exposition du Valet de Carreau, à laquelle participaient, outre les frères Bourliouk et le couple Kandinsky-Münter, Marc (l'ami de Macke), Delaunay, Derain, Van Dongen, Gleizes, Léger, Matisse et Picasso, entre autres.



Kinder im Garten (Enfants dans le jardin)
August Macke - 1912
Städtisches Kunstmuseum, Bonn



Or, la relation d'August Macke avec la plupart des artistes du Blaue Reiter - et spécialement avec Kandinsky, son président - est très ambivalente. Alors qu'il lui arrive parfois d'être subjugué par la peinture de Kandinsky, Macke se sent en général très éloigné de ses exigences théoriques et il a du mal à supporter son autoritarisme coutumier.


Le seul qui ne regarde pas l'appareil (manipulé par la compagne de Kandinsky) c'est August Macke...
Il semblerait que la rupture entre Macke et le Cavalier Bleu soit déjà dans l'air !


La photo ci-dessus a été prise par Gabriele Münter, fin 1911 - début 1912, au 36 Ainmillerstraße à Munich. Elle réunit quelques membres de Der Blaue Reiter avec Cuno Amiet de Die Brücke. De gauche à droite : Vassily Kandinsky, Cuno Amiet, August Macke, Helmuth Macke (cousin d'August et peintre lui aussi), Anna Luder (épouse de Cuno Amiet), Heinrich Campendonk, Louis Moillet (peintre, ami d'Elisabeth et August).

Finalement, l'adhésion de Macke au Cavalier Bleu a duré à peine six mois. Elle s'achève en mars 1912, après qu'il a envoyé seize dessins à Munich pour participer au second (et dernier) salon du Blaue Reiter. Une exposition purement graphique, intitulée Schwarz-Weiss (Noir et Blanc) qui se tient du 12 février au 18 mars à la Galerie Goltz à Munich.




Spaziergang in Blumen (Promenade dans les fleurs)
August Macke - 1912
Staatliche Museen, Berlin


Au printemps 1912, Macke voyage en Hollande. Ensuite, après avoir activement participé à l'exposition de la Sonderbund au mois de Mai à Cologne (voir plus haut), il expose à Iéna invité par le Dr Eberhard Grisebach président du Kunstverein (association artistique) , àdans le courant dumois de Juin 1912, conjointement avec celles du peintre suisse Cuno Amiet qu'il a rencontré précédemment à Cologne (lire ici, pages 3 et 11).



Gartenrestaurant (Le restaurant du jardin)
August Macke - 1912
Kunstmuseum, Berne (vidéo du musée)



Le 1er Juillet, Mackeécrit à Franz Marc pour lui parler de l'exposition à Iéna. Il est enthousiasmé par le succès remporté à la Kunstverein « j'y ai vendu huit pièces en huit jours !». En outre, la galerie d'art ouverte par Eberhard Grisebachà l'occasion l'exposition de la Kunstverein est définitivement lancée et August invite Franz à venir y exposer ses œuvres l'hiver suivant.

Poursuivant sa lettre, Macke annonce à Marc qu'il va devoir effectuer une période militaire du 5 Août au 21 Septembre 1912. Après quoi, il sera de retour à Bonn.



Elisabeth und Walterchen (Elisabeth et le petit Walter)
August Macke - 1912
Städtisches Kunstmuseum, Bonn


La dernière semaine de Septembre, August est de retour à Bonn, dans son foyer et dans son atelier. Franz Marc et sa femme Anna quittent temporairement leur chalet de Sindelsdorf dans les Alpes bavaroises pour venir faire un petit séjour chez leurs amis Bonnois.

Ils vont tout d'abord mettre à profit la proximité entre Bonn et Cologne pour aller voir l'exposition internationale de la Sonderbund avant sa fermeture le 30 Septembre.




Franz und Maria Marc im Atelier (Franz et Maria Marc dans l'atelier d'August)
August Macke - 1912
Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich



C'est durant ce séjour du couple Marc chez les époux Macke que Franz et August concrétisent leur projet de fresque peinte en commun. Ils vont conjuguer leurs talent respectifs pour faire apparaître le "Paradies" sur un pan de mur de l'atelier d'August.

En seulement quatre jours (!) la conception et la naissance d'Adam et Êve sont réalisées. D'autres informations sur cette fresque on été données au début du premier billet (cliquez sur l'image ci-dessus pour l'agrandir).



Paradies (Paradis) - 400 x 200 cm
August Macke et Franz Marc - 1912
LWL-Museum für Kunst und Kultur, Münster (notice)


Malgré l'imminence de la "faute" qui va engendrer leur éviction de l'Eden - Adam étant en train de cueillir la pomme - ce Paradis terrestre représente pour les deux artistes l'espérance d'un monde meilleur, dans lequel les contraintes aliénantes engendrées par le passage à l'ère industrielle seraient surmontées.

C'est à partir de cette époque que l’œuvre d'August Macke prend définitivement un aspect paradisiaque.



Dorénavant, toute la peinture de Macke est imprégnée de la
Joie de Vivre




Zoological Garden I (Jardin zoologique 1)
August Macke - 1912
Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich

  

Inlassablement, il peint
les plaisirs simples de la vie de tous les jours



L'étonnement des visiteurs observant les animaux du zoo


Kleiner Zoologischer Garten in Braun und Gelb (Petit jardin zoologique en brun et jaune)
August Macke - 1912
Museum Frieder Burda, Baden-Baden (notice du musée)



Le réconfort de l'amitié


Vier Mädchen (Quatre filles)
August Macke - 1912
SMKP - Museum Kunstpalast, Düsseldorf (notice du musée)



Le plaisir d'une promenade en forêt par une belle journée ensoleillée


Paar im wald (Couple dans la forêt)
August Macke - 1912
Collection privée



Le charme des lumières du soir


Abend (Soir)
August Macke - 1912
Collection privée



Le "bonheur des dames"s'attardant devantles vitrines des magasins de mode et desboutiques dechapeaux


Großes Helles Schaufenster (Grande vitrine lumineuse)
August Macke - 1912
Sprengel Museum, Hanovre (notice du musée)



La splendeur de l'Automne dans son jardin


Garten mit Bassin (Jardin avec bassin)
August Macke - 1912
Collection privée



Le bonheur tranquille de sa vie familiale.
Sa joie de contempler jour après jour la beauté d'Elisabeth.


Akt, liegend (Nu couché)
August Macke - 1912
Kunstmuseum, Bonn


Pour August Macke, l'année 1912 a été en grande partie consacréeà établir et développer des contacts et à diffuser le plus possible son art hors de sa région. Tout cela sans négliger ses pinceaux, ni sa femme et son fils pour autant.

Comme d'habitude, c'est Elisabeth qui a posé pour le nu ci-dessus. D'après la rondeur de son ventre, il y a tout lieu de penser qu'elle prépare un petit frère àWalter et que, par conséquent le tableau a été peint vers la fin de l'automne 1912 (puisque la naissance est attendue pour le mois de janvier suivant). Mais n'anticipons pas.



À la suite du séjour de Franz Marc et d'Anna chez les Macke, le 2 Octobre 1912 les deux couples partent ensemble pour Paris.

Pour August, et davantage encore pour Franz, ce voyage va amener un tournant notable dans l'évolution de leurs styles respectifs.


Farbige Komposition (Composition colorée) - Hommage à Bach
August Macke - 1912
Wilhelm Hack Museum, Ludwigshafen am Rhein, Allemagne (notice du musée)


C'est très certainement dans les semaines qui ont suivi la rencontre ayant eu lieu à Paris au cours du voyage effectué durant la première quinzaine d'Octobre, que Macke a peint la composition ci-dessus. dans laquelle on peut voir l'explosion de l'ère industrielle totalement magnifiée.

Qui est l'inspirateur de cetteéblouissante évolution de formes et de couleurs dans le style d'August Macke ?



C'est ce que nous verrons dans le prochain billet




Texte ©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2015

Mystérieux Café Parisien des Années Folles

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Hommage à Maurice-Louis Branger
(crédit)



Petit intermède avant la suite de la biographie d'August Macke




Photo de Maurice-Louis Branger - Calendrier 2014



Claude, une aminaute parisienne de naissance à laquelle je dédie ce billet, a récemment publié la photo ci-dessus. Quand je l'ai vue, cette photo m'a également interpellée.

Claude vous le dira elle-même, mais je suppose que la première raison qui a motivé son coup de cœur vient du fait qu'il s'agit d'une vue ancienne de Paris, plus proche de ses souvenirs d'enfance que les photos du Paris contemporain. Les vêtements à la mode des années 1920 y sont peut-être aussi pour quelque chose.

Pour ma part, j'ai au moins une photo de ma mère (ou de sa sœur, il faudrait que je vérifie) habillée et coiffée de la sorte. Oui, même si la chose vous parait bizarre, ma mère avait vingt-cinq ans en 1925.

Et, comme Claude (même si je n'ai jamais habité à Paris) j'aime cette ville. J'ai découvert Paris très jeune (j'avais quatre ans) lors d'un voyage en compagnie de mes parents qui étaient "montés"à la capitale en 1955 pour aller voir ma sœur qui y poursuivait ses études supérieures. Et une autre fois aussi, à peu près à la même époque, pour aller voir mon parrain.



Parisiennes à la terrasse d'un café vers 1925
photographie de Maurice-Louis Branger
(crédit photo)


Pour en revenir au café de la photo publiée dernièrement par Claude, deux jours après sa publication Claude ajoute un petit mot à la suite de son Arbre à noix« Rien à voir avec mes noix de coco, mais je crois avoir trouvé où a été prise la photo de mon post "au bistro", il se pourrait que ce soit au Café de Flore à Paris. Elle aurait été prise vers 1925 par Maurice-Louis Branger (1874-1950).»

Curieuse comme je suis, j'avais déjà déniché les deux photos de Maurice-Louis Branger (ci-dessus et ci-dessous).



Jeunes femmes à la terrasse d'un café. Paris, vers 1925
photographie de Maurice-Louis Branger
(crédit photo)


Claude avait raison, il s'agit bien d'une photographie de Maurice-Louis Branger (notice biographique ici). 

Comme Claude, je m'étais demandée où peut bien se situer le café en question. Or, après de nombreuses investigations, je n'avais rien trouvé de précis. Si ce n'est que le café de la photo du calendrier de Claude n'était pas un café de grand renom. Et que ce n'est pas celui de Flore, ni tout autre café rendu célèbre par sa clientèle littéraire.

Et puis, coup de chance (ou fruit de ma persévérance) je trouve deux autres photos des deux élégantes du café mis en boîte par ML Branger



Paris. Bassin des Tuileries. Vers 1925 
photographie de Maurice-Louis Branger
(crédit photo)



Jeunes femmes au bassin du jardin des Tuileries. Paris (Ier arr.), vers 1925
photographie de Maurice-Louis Branger
(crédit photo)


Vous avez peut-être remarqué que sur les photos au jardin des Tuileries nos deux élégantes de 1925 portent exactement les mêmes vêtements que pour leurs photos au mystérieux café "H.RENAUD".

Une déduction s'impose alors : les photos du café et celles du jardin ont été prise le même jour et sans doute dans la même demi-journée. Il est donc permis d'imaginer que le café en question ne devait pas se trouver bien loin des Tuileries. D'autant plus que l'agence du photographe était située tout près du jardin, au n°5 de la rue Cambon, autrement dit à 500 mètres du bassin des Tuileries. J'imagine que ML Branger aura invité les deux jeunes femmes à la terrasse d'un café du quartier où il avait son agence et ses habitudes.

Parmi les photos de cette époque disponibles sur la toile, pour l'instant je n'ai trouvé qu'un seul café dans le périmètre de l'agence Branger.



Rue de la Verrerie, Paris 1932
photographie de René Giton ( ) dit René-Jacques
(crédit photo)



Le numéro de téléphone indiqué sur la vitrine de la photo de Branger est 25. Sur celle de René-Jacques (ci-dessus) c'est 28-21. Je ne sais pas si les numéros de téléphone des années 20 fonctionnaient comme de nos jours : les numéros situés dans un même périmètre géographique formant des séries. Dans ce cas, il est  possible que le mystérieux café de nos deux parisiennes ait été situé rue de la Verrerie, pourquoi pas ici ?..



Pour finir, j'ai découvert deux tableaux d'un peintre russe contemporain dont le grand-père était photographe correspondant de guerre, ce qui expliquerait que son petit-fils ait eu connaissance des photos de Maurice-Louis Branger...



Café matinal 1
Денис Евтихиев
(Denis Evtikhiev) - E. Denis
2008




Café matinal 2
Денис Евтихиев (Denis Evtikhiev) - E. Denis
2008


En dehors de ses "peintures rétro", je n'aime pas du tout ce que peint cet artiste russe !




Au fait, si par hasard quelqu'un(e) avait des informations permettant d'identifier le mystérieux café photographié par Maurice-Louis Branger aux alentours de 1925, je l'invite vivement à les communiquer dans les "échos" au bas de ce billet afin que je puisse les ajouter ici.



©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2015

Des chèvres à Paris

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Pour meubler le grenier en attendant la suite du billet précédent, je vous propose un texte dont je ne révèle volontairement ni le titre ni l'auteur.

À vous de deviner !



Troupeau de chèvres sur un boulevard parisien






Chevrier jouant de la flute de Pan (Paris 1911)


















Troupeau de chèvres (Paris 1910)






Vendeur de lait de chèvre (Paris, 1911)






Vendeur de lait de chèvre (Paris, vers 1910)






La Chèvre d'Or  (cliquer ici pour lire sa légende)




Je dédie ce billet à Fifi
sa belle biquette
me l'ayant inspiré





Comme d'habitude en pareil cas, les commentaires resteront cachés durant deux ou trois jours, pour vous laisser le temps de chercher.





©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2015
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