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Histoires d'œufs

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Vous l'avez peut-être reconnue, l'image ci-dessus fait partie de celles qui illustrent Le Vilain Petit Canard.



Le Vilain Petit Canard
adaptation française par Cyrille Largillier




L'histoire d'œuf contée par Andersen est celle d'un original, un être pas comme les autres. Un être différent de tous ceux qui se réjouissent d'être fabriqués sur le même modèle. Un être étrangerà ceux qui sont fiers d'appartenir à un cercle quelconque, à ceux qui considèrent comme quantité négligeable tous ceux qui sont exclus de leur coterie.







Le Vilain Petit Canard est aussi un conte moral qui met l'accent sur la dif­fé­rence, cette valeur essentielle, voire indispensable, à l'évolution de la vie.

Un conte qui nous met en garde contre les pré­ju­gés que tout un chacun peut avoir un jour ou l'autre à l'égard d'un étrange étranger.







Si personne, ou presque, n'ignore l'histoire du Vilain Petit Canard, par contre la vie de son auteur est moins connue. Cependant, ce sont les épreuves traversées durant son enfance et son adolescence qui ont inspiré ce conte à Hans Christian Andersen.







Dans l'histoire du Vilain Petit Canard tout commence par l'œuf extraordinairement gros que la cane découvre au fond de son nid, une fois que ses canetons sont tous sortis de leurs coquilles.







De nombreuses cosmogonies posent l'œufà la base de la création de l'univers, car l'œuf contient en germe toute la diversité du monde.







Dans la mythologie finnoise, le Kalevala débute avec le récit de la formation du monde.

Au commencement, la déesse Ilmatar repose dans la mer. Son esprit vagabonde en rêve, lorsque tout à coup un oiseau apparaît réellement. C'est une cane qui cherche un endroit sûr pour y pondre ses œufs.







Ilmatar, alias Luonnotar, ayant sorti son genou de l'eau pour permettre à la cane d'y faire son nid, celle-ci commence à y couver ses œufs.

Alors que les œufs sont sur le point d'éclore, la chaleur engendrée par la couvaison de la cane devient si intense que la déesse finit par ne plus la supporter. Elle remue son genou, ce qui déséquilibre le nid et entraîne la chute des œufs.







Pour les finlandais, c'est ainsi que la Terre, le Soleil, la Lune et les Étoiles naquirent les uns après les autres des œufs d'une cane couvés sur le genou de la déesse Ilmatar et tombés en se brisant dans la mer.







Dans l'Edda de Snorri, on trouve mention d'un couple d'oiseaux qui vit dans le puits d'Urd, là où plonge l'une des trois racines d'Yggdrasil, l'Arbre du Monde. Ces oiseaux sont des « cygnes» et ils auraient fondé l'espèce qui porte ce nom.







Du point de vue symbolique, le cygne, oiseau d'Apollon, figure la lumière solaire. Quant à l'oie, elle représente la lumière lunaire. Dans les mythologies, cygne et oie sont souvent confondus.

Dans l'hindouisme par exemple, Hamsa, cygne ou oie, sert de véhicule à Brahmā couvant le Brahmânda, l'Œuf du Monde.







Pour les Égyptiens de l'Antiquité, c'est Amon qui a pondu l'œuf cosmique, alors qu'il avait pris la forme d'un oiseau de la même famille que les oies, les cygnes et les canards, l'Ouette d'Égypte.







Des œufs ont été trouvé dans des tombes égyptiennes et dans l'un des exemplaire du Livre des Morts, il est écrit :
Ô Atoum, donne moi la douce brise qui est dans ton nez ! Je suis cet Œuf qui était dans le Grand Jargonneur et je fais la garde de cette grande entité que Geb a séparée de la terre : si je vis, elle vit. Puissé-je redevenir jeune et vivre, et respirer la brise !

Ce souhait de résurrection, formulé par un défunt affirmant être l'Œuf qui se trouvait dans le ventre d'Amon, montre combien l'usage de l'œuf comme symbole de renaissance est ancien.







Dans le conte d'Andersen, après bien des vicissitudes Le Vilain Petit Canard finit par trouver ses pairs et se faire reconnaître pour ce qu'il est réellement : un cygne.







Pour Le Vilain Petit Canard, cette reconnaissance par les autres cygnes fut comme une nouvelle naissance, voire une véritable renaissance.







Dans la traduction de David Soldi (celle ayant servi de base au texte des images ci-dessus) l'histoire du Vilain Petit Canard se termine par un triomphe, lors duquel tous les enfants s'écrient « Le nouveau est le plus beau ! Qu’il est jeune ! qu’il est superbe !». Et les vieux cygnes s’inclinèrent devant lui.

Une apothéose qui rappelle d'anciennes fêtes païennes au moment de l'équinoxe de printemps, celui qui sert de base pour déterminer la date de Pâques, fête de la Résurrection.



Cygnus Olor
Keulemans Johannes Gerardus (1842-1912)
Bibliothèque du Museum d'Histoire Naturelle, Paris




Pour terminer ce billet en musique, voici Le Vilain Petit Canrd, librement adapté en 1939 par Walt Disney pour ses Silly Symphonies










Et maintenant
il ne me reste plus qu'à vous souhaiter


en musique :








+ un petit bonus pour Nathanaëlle qui adore les claquettes !








©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2014

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