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Je suis le diable !

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Chat noir (détail)
Hishida Shunsō (1874-1911)
estampe entière cliquer ici



Je suis le diable. Le diable. Personne n'en doit douter. Il n'y a qu'à me voir, d'ailleurs. Regardez-moi, si vous l'osez ! Noir, — d'un noir roussi par les feux de la géhenne. Les yeux vert poison, veinés de brun, comme la fleur de la jusquiame.



Pierrot et le Chat
Théophile-Alexandre Steinlen - 1889
Poppenspel Museum,Vorchten, Pays-Bas



J'ai des cornes de poils blancs, raides, qui fusent hors de mes oreilles, et des griffes, des griffes, des griffes. Combien de griffes? je ne sais pas. Cent mille, peut-être. J'ai une queue plantée de travers, maigre, mobile, impérieuse, expressive, — pour tout dire, diabolique.



Affiche du Chat Noir
Théophile-Alexandre Steinlen - 1896
BNF



« Je suis le diable, et non un simple chat. Je ne grandis pas. L'écureuil, dans sa cage ronde, est plus gros que moi. Je mange comme quatre, comme six, — je n'engraisse pas.



Automne
Hishida Shunsō - vers 1910



« J'ai surgi, en mai, de la lande fleurie d'œillets sauvages et d'orchis mordorés. J'ai paru au jour, sous l'apparence bénigne d'un chaton de deux mois. Bonnes gens ! vous m'avez recueilli, sans savoir que vous hébergiez le dernier démon de cette Bretagne ensorcelée. « Gnome », « Poulpiquet », « Kornigaret », « Korrigan », c'est ainsi qu'il fallait me nommer, et non « Poum » ! Cependant, j'accepte pour mien ce nom parmi les hommes, parce qu'il me sied.



Chat Noir (Kuroki Neko)
Hishida Shunsō - 1910
Musée Eisei Bunko, Tokyo (notice)



« Poum ! » le temps d'une explosion, et je suis là, jailli vous ne savez d'où. « Poum !  j'ai cassé, d'un bond exprès maladroit, le vase de Chine, et « poum ! » me voilà collé, comme une pieuvre noire, au museau blanc du lévrier, qui crie avec une voix de femme battue... « Poum ! » parmi les tendres bégonias prêts à fleurir, et qui ne fleuriront plus...



Chat et bambou - Chat et cyclamen
Hishida Shunsō - vers 1910
crédit images : 菱田 春草(page longue à charger, mais qui vaut la peine d'être vue)



« Poum ! » au beau milieu du nid de pinsons, qui pépiaient, confiants, à la fourche du sureau... « Poum ! » dans la jatte de lait, dans l'aquarium de la grenouille, et « poum ! » enfin, sur l'un de vous.


 
Des chats: images sans paroles
Théophile-Alexandre Steinlen - 1898
The Metropolitan Museum Of Art (voir la notice)



« En trois secondes, j'ai tiré une mèche de cheveux, mordu un doigt, marqué quatre fleurs de boue sur la robe blanche, et je m'enfuis... N'essayez pas de me retenir par la queue, ou je jure un mot abominable, et je vous laisse dans la main une pincée de poils rêches, qui sentent le brûlé et donnent la fièvre !


Chat au clair de lune
Théophile-Alexandre Steinlen



« Et gardez-vous, si je chante trop haut, cette nuit, de mettre le nez à la fenêtre : vous pourriez mourir soudain de me voir, sur le faîte du toit, assis tout noir au centre de la lune !... »

Colette, « Poum» La Paix chez les bêtes
Éditions George Crès et Cie, Paris, 1916

Vous pouvez continuer la lecture de cette nouvelle de Colette (dans l'un des volumes d'origine) en cliquant ici.

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Comme vous l'avez peut-être deviné, ce billet sur le chat noir n'est pas sans rapport avec l'approche de la fête d'Halloveen. La mauvaise réputation des chats noirs ne date pas d'hier. Depuis le Moyen-Âge jusqu'au siècle dernier, toutes sortes de superstitions collent aux pattes de ces infortunés félins. Accusés de servir de déguisement aux sorcières en partance pour le Sabbat, tout comme les Cathares accusés d'adorer le diable, moults chats noirs finirent sur les bûchers de l'Inquisition ou de l'obscurantisme populaire.


En 1958, le chat noir a été remis à l'honneur, sous forme de Bagheeraminiature, avec la création de la race Bombay.


Dans l'attente d'un prochain billet présentant des chats noirs peints par des artistes plus ou moins connus, je vous propose une petite mosaïque mystère. Si cela vous tente, à vous de reconnaître (ou pas !) les peintres des tableaux dont les détails ci-dessous sont issus.














































Et pour terminer en musique cette courte apologie du chat noir, voici un extrait de la célèbre comédie musicale du début des années quatre-vingt...CATS !






Bonne fin de semaine
à bientôt



©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2013


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