Ce billet fait suite au précédent, dans lequel j'ai entrepris de publier les informations les plus intéressantes parmi celles que j'ai dénichées sur la toile concernant le portrait des jumelles Hoare peint par Sir John Everett Millais.
![]() |
The Twins, Kate Edith et Grace Maud Hoare John Everett Millais - 1876 The Fitzwilliam Museum, Cambridge (notice du musée) |
Après avoir exposé, entre autres, les dons respectivement poétiques et musicaux d'une fille et d'un petit-fils de Grace Maud dans le billet précédent, voici à présent ce que j'ai découvert au sujet de Kate Edith, sa sœur jumelle.
Kate Edith Hoare (1856-1948), a épousé le 8 janvier 1879 le Lieutenant de Marine Hugh George Gough, né en 1846, enrôlé dans la Navy en 1860, promu Lieutenant en 1870, puis retraité avec le grade de Commandant. Le couple a sans doute eu des enfants, mais je n'ai pas trouvé d'information sur leur progéniture. Par contre, concernant Kate, la recherche d'information associant ses prénoms au nom de son époux a été plus fructueuse. Ainsi, j'ai appris que Kate a fait montre de dons artistiques dans le domaine des arts graphiques.
Le Victoria and Albert Museum de Londres conserve un album de photos de famille, qui lui a été donné par Guy Eardley-Wilmot, le fils de Grace. Guy (1893-1966) avait vraisemblablement hérité de cet album au décès de sa tante Kate, en 1948.
L'album de Kate est constitué d'une cinquantaine de pages comportant des aquarelles ou des dessins. Sur la plupart des pages, Kate a collé, après les avoir découpées, des photographies de membres de sa famille ou de personnes de son entourage, en formant pour chaque page une mise en scène plus ou moins fantaisiste ou humoristique.
Vous pouvez voir la totalité des images originales de l'album de Kate (sur deux pages : 45 + 5 images) en cliquant ici.
Personne ne sait avec certitude où, quand et par qui, les photos collées dans l'album de Kate ont été faites. Une chose est cependant reconnue, les dessins et les fonds de page aquarellés ont été réalisés par Kate elle-même.
L'album de Kate n'est pas un cas isolé, il est issu d'un passe-temps assez répandu à son l'époque parmi les femmes appartenant comme elle à la gentry. Il y avait même une princesse parmi les adeptes de ce passe-temps. Vous aurez un aperçu de l'album d'Alexandra, princesse de Galles, en cliquant ici.
En réalisant dans leurs leurs albums des collages photographiques un demi-siècle avant l'emploi de papiers collés dans les tableaux d'artistes d'avant-garde, tels Braque, Picasso ou Juan Gris, Kate et les dames de la bonne société victorienne (souvent épinglées pour leur strict respect des convenances) ont fait preuve d'une singulière modernité.
Les collages des jeunes ladies, tels ceux de Kate Hoare-Gough ou ceux de Constance Sackville (très semblables à ceux de Kate) représentent l'émergence du collage et du montage photographique en Art, bien avant les expériences de l'artiste dadaïste Hannah Höch.
Les collages de Kate reflètent, parfois avec une pointe d'ironie et souvent avec humour, une partie de ses goûts, de ses idées et de ses occupations.
En examinant les pages de son album, on apprend que Kate aimait le tennis, le patinage et l'équitation et qu'elle a sans doute voyagé au Maroc en 1882. Sur certaines pages, en comparant avec son portrait peint par John Everett Millais, on semble la reconnaitre... À moins qu'il ne s'agisse de sa jumelle !
![]() |
Affiche de l'exposition du Metropolitan Museum of Art du 2 Février au 9 mai 2010 lire la notice du musée |
Le Victoria and Albert Museum de Londres conserve un album de photos de famille, qui lui a été donné par Guy Eardley-Wilmot, le fils de Grace. Guy (1893-1966) avait vraisemblablement hérité de cet album au décès de sa tante Kate, en 1948.
L'album de Kate est constitué d'une cinquantaine de pages comportant des aquarelles ou des dessins. Sur la plupart des pages, Kate a collé, après les avoir découpées, des photographies de membres de sa famille ou de personnes de son entourage, en formant pour chaque page une mise en scène plus ou moins fantaisiste ou humoristique.
Vous pouvez voir la totalité des images originales de l'album de Kate (sur deux pages : 45 + 5 images) en cliquant ici.
![]() |
"Ducks" Page sans titre du Gough Album Kate Edith Gough - années 1880 Victoria & Albert Museum, London (lire la notice) |
Personne ne sait avec certitude où, quand et par qui, les photos collées dans l'album de Kate ont été faites. Une chose est cependant reconnue, les dessins et les fonds de page aquarellés ont été réalisés par Kate elle-même.
L'album de Kate n'est pas un cas isolé, il est issu d'un passe-temps assez répandu à son l'époque parmi les femmes appartenant comme elle à la gentry. Il y avait même une princesse parmi les adeptes de ce passe-temps. Vous aurez un aperçu de l'album d'Alexandra, princesse de Galles, en cliquant ici.
![]() |
"Portrait découpé de deux femmes" (titre donné par le musée) peut-être les jumelles Grace et Kate Hoare mises en scène dans un parc (à moins qu'il ne s'agisse d'Alexandra de Danemark en compagnie de sa sœur Dagmar...) Page du Gough Album (voir la notice du V&A Museum) |
En réalisant dans leurs leurs albums des collages photographiques un demi-siècle avant l'emploi de papiers collés dans les tableaux d'artistes d'avant-garde, tels Braque, Picasso ou Juan Gris, Kate et les dames de la bonne société victorienne (souvent épinglées pour leur strict respect des convenances) ont fait preuve d'une singulière modernité.
![]() |
La Guitare Juan Gris - 1913 Centre Pompidou, Paris (lire la notice) |
Les collages des jeunes ladies, tels ceux de Kate Hoare-Gough ou ceux de Constance Sackville (très semblables à ceux de Kate) représentent l'émergence du collage et du montage photographique en Art, bien avant les expériences de l'artiste dadaïste Hannah Höch.
![]() |
Da Dandy Hannah Höch - 1919 (lire l'article du Centre Pompidou) |
Les collages de Kate reflètent, parfois avec une pointe d'ironie et souvent avec humour, une partie de ses goûts, de ses idées et de ses occupations.
En examinant les pages de son album, on apprend que Kate aimait le tennis, le patinage et l'équitation et qu'elle a sans doute voyagé au Maroc en 1882. Sur certaines pages, en comparant avec son portrait peint par John Everett Millais, on semble la reconnaitre... À moins qu'il ne s'agisse de sa jumelle !
![]() |
"Portrait d'une dame" - titre donné par le musée Ici on reconnait bien Kate (ou sa jumelle ?) Page du Gough Album (notice) |
![]() |
"Portraits découpés d'un homme et d'une femme" - titre donné par le musée peut-être Kate et son époux, Hugh George Gough, capitaine de la Navy, mis en scène sur un navire Page du Gough Album (notice) |
![]() |
"Portrait d'une dame" - titre donné par le musée Kate (ou sa jumelle) attendant le retour de l'époux voguant sur les mers (les maris de Kate et de sa sœur Grace étaient tous deux officiers de Marine) Page du Gough Album (notice) |
![]() |
"Portrait d'une dame" - titre donné par le musée Kate dans l'attitude traditionnelle des femmes de marins Page du Gough Album (notice) |
L'art du collage photographique s'est développé en Angleterre aux travers des albums de famille. L'habitude d'enjoliver ces albums remonte assez loin dans le temps, bien avant l'avènement de la photographie. C'est grâce au procédé du portrait-carte, breveté par Disdéri en 1854, que cette sorte d'Art à pris naissance.
Les portraits au format carte de visite que réalisait Disdéri étaient pris avec un appareil spécial comportant une plaque mobile et plusieurs objectifs qui, ouverts tour à tour, permettaient d'obtenir des poses différentes.
Très vite, ces appareil se perfectionnèrent pour faire face à une demande du public toujours grandissante, donnant ainsi naissance aux appareils à images multiples.
Selon le nombre d'objectifs, on pouvait ainsi prendre de quatre à douze poses différentes sur une même plaque, ce qui accélérait notablement le temps de manipulation.
Dès la fin des années 1850 la mode du portrait carte-de-visite se répand comme une traînée de poudre et la clientèle de Disdéri s’étend rapidement au-delà de la France. Chacun collectionne les portraits de sa famille et de ses amis, et même des célébrités de l’époque. Disdéri ouvre alors une succursale à Londres, mais il sera bien vite concurrencé par ses confrères britanniques.
Dans l'exemple ci-dessous, Kate a visiblement utilisé l'un de ces portrait-carte réalisés en studio dont la vogue avait déjà atteint l'aristocratie britannique depuis une bonne dizaine d'années, lorsqu'elle a constitué son album.
Le format réduit des portraits-carte avait l'avantage de s'inclure facilement dans les albums. Des albums à la couverture richement ornée furent alors créés par les studios de photographie et vendus directement à leur clientèle pour qu'elle puisse y conserver ses photos.
À l'intérieur des albums, donnant libre cours à leur imagination, certaines femmes de l'aristocratie anglaise constituèrent d'amusantes mises en scène pour les portraits découpés de leurs parents ou amis. Si cet art du collage photographique au XIXe siècle semble s'apparenter au scrapbooking contemporain, il ne comporte cependant pas de petits rubans, cœurs, étoiles, boutons et autres bouts de papier standardisés.
L'art des ladies victoriennes était beaucoup plus original.
Les portraits au format carte de visite que réalisait Disdéri étaient pris avec un appareil spécial comportant une plaque mobile et plusieurs objectifs qui, ouverts tour à tour, permettaient d'obtenir des poses différentes.
![]() |
Un des premiers appareil utilisés par le studio Disdéri |
Très vite, ces appareil se perfectionnèrent pour faire face à une demande du public toujours grandissante, donnant ainsi naissance aux appareils à images multiples.
![]() |
Appareil pour portrait au format carte de visite muni de douze objectifs |
Selon le nombre d'objectifs, on pouvait ainsi prendre de quatre à douze poses différentes sur une même plaque, ce qui accélérait notablement le temps de manipulation.
![]() |
Marie Petipa studio Disdéri - 1863 |
Dès la fin des années 1850 la mode du portrait carte-de-visite se répand comme une traînée de poudre et la clientèle de Disdéri s’étend rapidement au-delà de la France. Chacun collectionne les portraits de sa famille et de ses amis, et même des célébrités de l’époque. Disdéri ouvre alors une succursale à Londres, mais il sera bien vite concurrencé par ses confrères britanniques.
![]() |
William Harris Weatherhead (1843-1911), Peintre Portrait carte réalisé au studio Disdéri de Londres National Portrait Gallery, Londres (notice du musée) |
Dans l'exemple ci-dessous, Kate a visiblement utilisé l'un de ces portrait-carte réalisés en studio dont la vogue avait déjà atteint l'aristocratie britannique depuis une bonne dizaine d'années, lorsqu'elle a constitué son album.
![]() |
"Portrait d'une dame" - titre donné par le musée collage et dessins de Kate Edith Gough Page du Gough Album (notice) |
Le format réduit des portraits-carte avait l'avantage de s'inclure facilement dans les albums. Des albums à la couverture richement ornée furent alors créés par les studios de photographie et vendus directement à leur clientèle pour qu'elle puisse y conserver ses photos.
À l'intérieur des albums, donnant libre cours à leur imagination, certaines femmes de l'aristocratie anglaise constituèrent d'amusantes mises en scène pour les portraits découpés de leurs parents ou amis. Si cet art du collage photographique au XIXe siècle semble s'apparenter au scrapbooking contemporain, il ne comporte cependant pas de petits rubans, cœurs, étoiles, boutons et autres bouts de papier standardisés.
L'art des ladies victoriennes était beaucoup plus original.
![]() |
"Portrait découpés" - titre donné par le musée peut-être les enfants de Kate... Page du Gough Album (notice) |
En dehors de ses talents artistiques, je n'ai rien appris d'autre sur Kate Edith Hoare, si ce n'est qu'elle est décédée en 1948, à l'âge respectable de quatre-vingt-douze ans, soit deux ans après Grace sa sœur jumelle.
Avant de terminer ce billet, j'aimerais revenir un instant sur un détail amusant du tableau de Millais
![]() |
The Twins, Kate and Grace Hoare (détail) John Everett Millais - 1876 |
Vous voyez de quoi je veux parler
je suppose ?...
sinon
réponse dans le prochain billet
;-)
je suppose ?...
sinon
réponse dans le prochain billet
;-)
N. B. : toutes les images de l'album de Kate reproduites ci-dessus proviennent du site du musée. Afin d'obtenir une meilleure présentation, j'ai recadré les sujets. Pour améliorer la lisibilité des visages sur quelques photos, la luminosité et les contrastes ont légèrement été modifiés.
Texte © VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2013