Aujourd'hui le grenier a trois balais...
il souffle sa troisième bougie !
il souffle sa troisième bougie !
C'est l'occasion pour moi de remercier chaleureusement toutes celles et ceux qui montent régulièrement les marches et poussent la porte de mon grenier afin de faire écho aux propos et images du jour.
L'occasion aussi de voir ce que le grenier représente, aussi bien dans l'imaginaire que dans la réalité, pour vous comme pour moi.
Quand on cherche le mot grenier dans n'importe quel dictionnaire, on lit que ce mot vient du latin granum, le grain. Il est définit en premier comme la partie d'une installation agricole, le plus souvent située directement sous la toiture mais parfois extérieure au bâtiment et construite sur pilotis, utilisée pour y entreposer le blé ou d'autres céréales.
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Rembrandt's Father's Mill Edward William Cooke - 1843 Collection privée, notice de Sotheby's |
Lorsque c'est le fourrage qui est mis à sécher dans un comble, on parle de grenier à foin. Ainsi, le grenier commence à s'écarter de sa destination première. Il y a longtemps que le blé n'est plus conservé dans les fermes, mais entreposé dans des silos, et que les greniers de nos campagnes contiennent autre chose que du grain. C'est désormais la seconde définition du mot grenier qui prévaut : partie la plus haute d'une habitation se trouvant immédiatement sous la charpente, ce que les professionnels de l'agencement nomment le comble.
De nos jours, si l'on trouve parfois quelques plantes ou fruits mis à sécher dans cet endroit privilégié, le plus souvent le grenier ne sert plus que de remise pour toutes les choses dont on n'a plus l'usage immédiat. Des choses que l'on souhaite cependant garder et qu'il est nécessaire de placer au sec pour les conserver en bon état, des livres par exemple.
De nos jours, si l'on trouve parfois quelques plantes ou fruits mis à sécher dans cet endroit privilégié, le plus souvent le grenier ne sert plus que de remise pour toutes les choses dont on n'a plus l'usage immédiat. Des choses que l'on souhaite cependant garder et qu'il est nécessaire de placer au sec pour les conserver en bon état, des livres par exemple.
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Jo Seated on the Old Sofa Norman Rockwell - 1937 illustration pour Les Quatre Filles du docteur March |
Pour Gaston Bachelard, le grenier est l'endroit de la maison qui favorise le plus l'essor de l'imagination. Et pour moi, les livres lus dans le grenier de ma maison d'enfance ont gardé un charme particulier.
La maison natale est plus qu'un corps de logis, elle est, un corps de songes. Chacun de ses réduits fut un gîte de rêverie. Et le gîte a souvent particularisé la rêverie. Nous y avons pris des habitudes de rêverie particulière. La maison, la chambre, le grenier où l'on a été seul, donnent les cadres d'une rêverie interminable, d'une rêverie que la poésie pourrait seule, par une œuvre, achever, accomplir.
G. Bachelard, La Poétique de l'Espace, p. 33 (Quadrige / P.U.F.)
Comme Thomas Chatterton et à l'instar de beaucoup d'autres auteurs de romans ou de poésie, Alain Fournier a vécu dans un grenier. La description de sa chambre, au début du chapitre VII du Grand Meaulnes, est directement inspirée du logement de fonction de ses parents à l'école d'Épineuil-le-Fleuriel (voir le plan de l'école dans cette page).
Notre chambre était, comme je l’ai dit, une grande mansarde. À moitié mansarde, à moitié chambre. Il y avait des fenêtres aux autres logis d’adjoints ; on ne sait pourquoi celui-ci était éclairé par une lucarne. Il était impossible de fermer complètement la porte, qui frottait sur le plancher. Lorsque nous y montions, le soir, abritant de la main notre bougie que menaçaient tous les courants d’air de la grande demeure, chaque fois nous essayions de fermer cette porte, chaque fois nous étions obligés d’y renoncer. Et, toute la nuit, nous sentions autour de nous, pénétrant jusque dans notre chambre, le silence des trois greniers.
Au grenier se vivent les heures de longue solitude, des heures si diverses qui vont de la bouderie à la contemplation. C'est au grenier qu'a lieu la bouderie absolue, la bouderie sans témoin. L'enfant caché dans le grenier se repait de l'angoisse des mères : où est-il, ce boudeur ?
Au grenier aussi les interminables lectures, loin de ceux qui prennent les livres parce que déjà on a trop lu. Au grenier, le déguisement avec l'habit de nos grands-pères, avec le châle et les rubans". Quel musée pour les rêveries qu'un grenier encombré ! Là les vieilles choses s'attachent, pour la vie, dans l'âme de l'enfant.
G. Bachelard, La Terre et les Rêveries du Repos, p. 108 (Librairie José Corti)
« Deux ou trois ? Mais ces enfants sont fous ! Deux ou trois livres d'affilée ! Voulez-vous laisser ça bien vite ! Pour vous perdre les yeux ! Si jamais on a vu personne lire deux ou trois livres sans respirer ! Ils s'en feront mourir ! »
Les années où l'on avait monté la caisse au grenier, nous étions plus tranquilles, maman ne venant guère là-haut sans nécessité. Et le premier livre à peine ouvert nous ne sentions plus la touffeur brûlante qui était tombée sur nous dès la porte.
lsabelle Fournier, Images d'Alain-Fournier par sa sœur Isabelle, Émile-Paul frères éditeurs, 1938 (réédition chez Fayard en 1989)
Lectures et souvenirs d'enfance, mémoire de toute une vie pour les plus âgés d'entre nous, voilà une partie de ce que représente le grenier pour celles et ceux qui ont encore, ou ont eu dans le passé, la chance d'habiter une demeure comportant un grenier.
En dehors du vingtième, le grenier est un thème quasi inexistant dans la peinture des siècles précédents.
D'après les quelques images que j'ai pu récolter sur la toile, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique, le coffre est omniprésent dans les greniers.
Néanmoins, j'imagine que la plupart des greniers de France et de Navarre ressemblent à l'image ci-dessous
G. Bachelard, La Poétique de l'Espace, p. 33 (Quadrige / P.U.F.)
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Thomas Chatterton dans son grenier John Josef Barker - 19e siècle Victoria Art Gallery, Bath, Royaume-Uni |
Comme Thomas Chatterton et à l'instar de beaucoup d'autres auteurs de romans ou de poésie, Alain Fournier a vécu dans un grenier. La description de sa chambre, au début du chapitre VII du Grand Meaulnes, est directement inspirée du logement de fonction de ses parents à l'école d'Épineuil-le-Fleuriel (voir le plan de l'école dans cette page).
Notre chambre était, comme je l’ai dit, une grande mansarde. À moitié mansarde, à moitié chambre. Il y avait des fenêtres aux autres logis d’adjoints ; on ne sait pourquoi celui-ci était éclairé par une lucarne. Il était impossible de fermer complètement la porte, qui frottait sur le plancher. Lorsque nous y montions, le soir, abritant de la main notre bougie que menaçaient tous les courants d’air de la grande demeure, chaque fois nous essayions de fermer cette porte, chaque fois nous étions obligés d’y renoncer. Et, toute la nuit, nous sentions autour de nous, pénétrant jusque dans notre chambre, le silence des trois greniers.
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Le pauvre poète Carl Spitzweg - 1839 Neue Pinakothek, Munich (notice) |
Au grenier se vivent les heures de longue solitude, des heures si diverses qui vont de la bouderie à la contemplation. C'est au grenier qu'a lieu la bouderie absolue, la bouderie sans témoin. L'enfant caché dans le grenier se repait de l'angoisse des mères : où est-il, ce boudeur ?
Au grenier aussi les interminables lectures, loin de ceux qui prennent les livres parce que déjà on a trop lu. Au grenier, le déguisement avec l'habit de nos grands-pères, avec le châle et les rubans". Quel musée pour les rêveries qu'un grenier encombré ! Là les vieilles choses s'attachent, pour la vie, dans l'âme de l'enfant.
G. Bachelard, La Terre et les Rêveries du Repos, p. 108 (Librairie José Corti)
« Deux ou trois ? Mais ces enfants sont fous ! Deux ou trois livres d'affilée ! Voulez-vous laisser ça bien vite ! Pour vous perdre les yeux ! Si jamais on a vu personne lire deux ou trois livres sans respirer ! Ils s'en feront mourir ! »
Les années où l'on avait monté la caisse au grenier, nous étions plus tranquilles, maman ne venant guère là-haut sans nécessité. Et le premier livre à peine ouvert nous ne sentions plus la touffeur brûlante qui était tombée sur nous dès la porte.
lsabelle Fournier, Images d'Alain-Fournier par sa sœur Isabelle, Émile-Paul frères éditeurs, 1938 (réédition chez Fayard en 1989)
Lectures et souvenirs d'enfance, mémoire de toute une vie pour les plus âgés d'entre nous, voilà une partie de ce que représente le grenier pour celles et ceux qui ont encore, ou ont eu dans le passé, la chance d'habiter une demeure comportant un grenier.
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Souvenirs au grenier Norman Rockwell - 1925 Collection privée (notice de Christie's) |
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Attic scene James Gurney - 1988 illustration pour le centenaire du National Geographic |
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Dans le grenier Gábor Vida (1937 Budapest - 2007) artiste hongrois localisation inconnue |
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Grow Old Along With Me Paula Vaughan |
En dehors du vingtième, le grenier est un thème quasi inexistant dans la peinture des siècles précédents.
D'après les quelques images que j'ai pu récolter sur la toile, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique, le coffre est omniprésent dans les greniers.
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Trésors du grenier Jim Daly (artiste américain né en 1940) |
Néanmoins, j'imagine que la plupart des greniers de France et de Navarre ressemblent à l'image ci-dessous
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Le grenier image de Syberia jeu vidéo écrit et réalisé par Benoît Sokal |
Ma curiosité naturelle me pousse à vous demander, si vous avez la chance d'avoir un grenier dans votre habitation, de bien vouloir me dire (en gros) ce qu'il contient.
Merci à toutes et à tous et bonne fin de semaine
©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2013